(Emmanuel Macron indésirable au sommet de Johannesbourg nonobstant sa ‘’bonne volonté’’)
Les dirigeants africains ayant montrés des velléités à pactiser avec la Russie alors Union soviétique ou ayant développés des idéologies politiques autres que celles des Etats-Unis ou d’Europe ont été très vite combattus dès le début des indépendances. Patrice Lumumba et Thomas Sankara ont été assassinés en 1961 et 1987 ; Sékou Touré et Mathieu Kérékou ont subi les restrictions économiques des institutions internationales. Aujourd’hui, les données ont changé. Et les Etats africains ont une alternative pour financer leurs économies. Du 22 au 24 août 2023, 67 leaders de pays africains et de pays du Sud sont attendus au sommet des BRICS à Johannesbourg, sous forte influence russe.
Luc TOSSOU
Les BRICS, groupe de cinq pays qui se réunissent depuis 2011 en sommets annuels notamment Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud constituent une alternative de taille face à l’hégémonie des institutions des Etats-Unis et d’Europe. En Afrique où le rapprochement avec la Russie était considéré comme une menace par les occidentaux et se faisait sanctionner par des restrictions économiques, les données ont changé. Tout d’abord, les Etats-Unis et l’Europe ne peuvent pas s’opposer à ce que les Etats africains, et du monde, adhèrent aux BRICS. Cela ne sera pas sans déclencher un tollé général. Ainsi donc, les anciennes colonies des Etats européens en Afrique peuvent désormais s’afficher avec la Russie. Mais les occidentaux ne sont pas au bout de leurs peines.
Ensuite, les Etats africains entament leur ruée vers les BRICS. Selon l’ambassadeur itinérant de l’Afrique du Sud pour l’Asie et les BRICS, Anil Sooklal, vingt-deux pays ont « formellement approché les pays des BRICS pour devenir membre à part entière du groupe ». De même, autant de pays « de manière informelle, se sont renseignés pour devenir membre des BRICS ». Avec des Etats comme l’Iran, l’Argentine, le Bangladesh, l’Arabie saoudite sans oublier ceux d’Amérique latine, les BRICS seront bientôt, une source de financements économiques alternative aux institutions de Breton Woods notamment la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Ainsi donc, les Etats africains souffriront moins de l’hégémonie des Etats-Unis et de l’Europe.
Enfin, les BRICS constituent une excellente alternative pour les Etats africains qui dénoncent depuis un certain temps le pillage des ressources africaines. Le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine constituent d’importants marchés d’écoulements des productions africaines en même temps qu’ils offrent de meilleurs partenariats aux Etats africains. Mieux, les BRICS tendent à être ‘’le reste du monde’’ à part les Etats-Unis et l’Europe. Et si ces pays décidaient de commercer plus entre eux, les économies européennes et des Etats-Unis recevront un choc. Et celles africaines pourraient s’en porter mieux. A condition que la bonne gouvernance s’érige en vertu. Ce qui serait un peu difficile.
Emmanuel Macron indésirable au sommet de Johannesbourg
Le président français Emmanuel Macron n’a pas été invité au sommet des BRICS qui se tiendra du 22 au 24 août 2023. Malgré le fait qu’il ait manifesté son envie de participer à ce sommet au travers de sa ministre des Affaires étrangères, le comité d’organisation n’a pas daigné lui adresser une invitation. Pour justifier une possible venue du président français en tant qu’observateur, Catherine Colonna avait expliqué, lors d’un déplacement en Afrique du Sud, fin juin, qu’« il faut parler pour se comprendre et pour trouver des solutions ». Son homologue sud-africaine ne s’était pas, alors, montrée totalement opposée à cette possibilité.