La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a fait part de son intention de se réunir très prochainement pour statuer sur la situation politique traduite par le coup d’Etat au président Roch Christian Kaboré. Mais avec les récents agissements de la junte au pouvoir au Mali, nul doute que les militaires aux commandes au Burkina Faso auront du mal à accorder leurs violons avec les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO.
La CEDEAO, se retrouve devant un nouveau brasier, quelques jours après avoir assisté au défi du Mali, dont les actuels dirigeants ont décidé de prendre les destinées en main. En effet, la CEDEAO se trouve dans une situation assez ambigüe où elle a très peu de marge de manœuvre. Tout d’abord, suivant l’exemple du Mali, l’instance économique de la région Afrique de l’ouest, si elle veut poursuivre sa lutte contre les coups d’Etat, devra demeurer ferme avec les militaires au pouvoir. La CEDEAO a déjà annoncé les couleurs en soutenant que la démission de Christian Kaboré aurait été arrachée sous la contrainte. Ainsi, si la CEDEAO veut rester fidèle à son comportement par rapport à la junte malienne, elle devra formuler des exigences et recourir aux sanctions en cas de refus des militaires burkinabè de donner suite à ses attentes.
Ensuite, la CEDEAO peut calmer ses ardeurs et se montrer moins ferme envers la junte au pouvoir au Burkina Faso. Mais tout de suite, cela pourrait s’interpréter comme un signe de faiblesse. Ce qui donnerait de l’assurance aux militaires qui n’en avaient pas besoin. Pis, un signe de faiblesse de cette organisation pourrait inspirer d’autres coups d’Etat au sein de la CEDEAO. Ce que chercheront surement à éviter les chefs d’Etat et de gouvernement lors de leur prochaine rencontre.
Enfin, si la CEDEAO se montre aussi ferme envers le Burkina Faso qu’elle ne l’a été envers le Mali, le risque que les militaires burkinabè ne suivent le même chemin que leurs homologues maliens est plus que probable. Et si le Mali créait sa propre monnaie, elle pourrait y associer la Guinée et le Burkina Faso. Ce qui grossit, jour après jour, le rang des possibles déserteurs de la CEDEAO.
Nafiou OGOUCHOLA