La confusion qui règne au Burkina Faso remet sur le tapis l’épineux problème de la gestion équitable des biens de l’Etat. Et le chaos s’installe sur fonds de revendications pourtant normales.
La mutinerie en cours au pays des hommes intègres est la conséquence de la mauvaise distribution des richesses de l’Etat central au Burkina Faso. En effet, les militaires demandent la réforme de la hiérarchie de l’armée et la mise à disposition de moyens conséquents pour la poursuite de la lutte anti-djihadiste. De même, après avoir eu de lourdes pertes, ces derniers mois, les mutins demandent aussi que les blessés tombés au cours de ces affrontements, ainsi que les familles des victimes mortelles des combats, soient assistés de manière plus efficace. De légitimes revendications qui n’ont pas leur raison d’être puisque les militaires ne demandent que des moyens logistiques au combat et une assistance adéquate pour leurs camarades blessés, décédés et leurs familles. Dans un Etat géré selon les intérêts supérieurs de la nation, la question de la satisfaction des besoins des militaires ne saurait même se poser. Ainsi, jusqu’à ce que les informations ne parviennent au président Roch Kaboré, celui-ci devrait régler cette question de manière définitive. Mais les tares de la gouvernance ayant donné naissance à cette mutinerie ne s’arrête à l’Etat central ainsi que l’administration publique.
La gestion faite au sein de l’armée du Burkina-Faso, semblable à celle dans une bonne partie des armées africaines, favorise les officiers en l’occurrence ceux supérieurs au détriment des sous-officiers et soldats. Ainsi, pendant que ceux-ci sont au front, exposés aux tirs des terroristes, certains de leurs supérieurs jouissent de la générosité de l’Etat au sein de la capitale. Ce qui a créé d’importantes frustrations au sein des forces armées du Burkina-Faso. De la Guinée au Burkina-Faso, en passant par le mali, les revendications des militaires, à la base des coups d’Etat sont les mêmes.
Hervé CHABI