La communauté internationale notamment l’Union européenne a pris fait et cause pour la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) dans le cadre de la résolution des instabilités politiques nées des coups d’Etat en Guinée, au Mali et au Burkina Faso. En vue de montrer son intransigeance, l’UE a décidé de mettre plusieurs dirigeants de la junte malienne dans sa liste noire.
L’Union européenne a décidé d’appliquer des mesures répressives contre la junte au pouvoir au Mali. Ainsi, les cinq membres de la junte visés sont le Premier ministre, Choguel Maïga, le président du Conseil national de Transition (CNT), Malick Diaw, le ministre de la Réconciliation nationale, Ismaël Wagué, et l’activiste du groupe Yerewolo Adama Ben Diarra, également membre du CNT. A en croire le communiqué de l’UE parvenu à notre rédaction, ils seraient «responsables d’actions qui entravent et compromettent le bon déroulement de la transition politique au Mali». Il faut noter que le président de la transition, Assimi Goïta, le porte-parole du gouvernement, Abdoulaye Maïga, qui a récemment invité la ministre des Armées, Florence Parly, à se taire et le ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, qui a signifié à l’ambassadeur français au Mali son expulsion, ne sont pas concernés par ces sanctionnés. Les sanctions à l’encontre de ces 5 responsables maliens consistent en une interdiction d’entrée sur le territoire de l’UE et un gel de leurs avoirs. De plus, il est interdit aux personnes ou entités de l’Europe des 27 de mettre des fonds à la disposition de ces cinq dirigeants. Pour rappel ces sanctions font suite à celles de la CEDEAO en début janvier qui a imposé des restrictions sévères au Mali, face au non-respect du calendrier électoral convenu
Rappel de quelques faits
Les 24 et 25 mai 2021, le Conseil européen a adopté des conclusions dans lesquelles il a condamné avec fermeté le coup d’État qui a eu lieu au Mali le 24 mai 2021, et a déclaré que l’UE était prête à envisager des mesures restrictives ciblées. Le 29 juin, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté la résolution 2584 (2021), dans laquelle il a également condamné le coup d’État et a exhorté toutes les parties prenantes maliennes à faciliter l’achèvement de la transition politique et le transfert du pouvoir aux autorités civiles élues, dans le respect de la période de transition de 18 mois. Il a aussi demandé au gouvernement de transition malien d’organiser des élections présidentielles et législatives libres et régulières.
Le 7 novembre, la CEDEAO a déploré l’absence de progrès dans la préparation des élections, a décidé d’instituer des sanctions avec effet immédiat, et a invité les partenaires internationaux à faire leurs ces sanctions et à en soutenir la mise en œuvre. Le 13 décembre, le Conseil a créé un cadre autonome de sanctions contre les personnes responsables d’actes faisant peser une menace sur la paix, la sécurité ou la stabilité du Mali, ou faisant obstacle à la mise en œuvre de sa transition politique.
Le 8 janvier 2022, les autorités de transition maliennes ont présenté à la CEDEAO un nouveau calendrier prévoyant la tenue de l’élection présidentielle pour la fin du mois de décembre 2025, fixant ainsi la durée de la transition à cinq ans et demi au total, contrairement à l’accord conclu avec la CEDEAO le 15 septembre 2020 et à l’engagement pris dans la charte de la transition. Dans ce contexte, la CEDEAO a décidé d’instituer des sanctions économiques supplémentaires.
Luc TOSSOU