Les militaires au pouvoir en Guinée, au Mali et au Burkina Faso sont dans la ligne de mire des institutions sous régionales, continentales et internationales. Alors que les sanctions diplomatiques et politiques semblent peu émouvoir les putschistes, les robinets d’approvisionnement en ressources financières de leurs Etats se ferment l’un après l’autre.
Les institutions africaines et européennes ont engagé une véritable guerre économique contre les Etats guinéen, malien et burkinabè. A coups de sanctions et autres privations, les militaires au pouvoir dans ces Etats sont harcelés sur le plan économique. En effet, le calendrier des émissions de titres publics par l’agence UMOA-Titres renseigne que le Mali est absent du calendrier des émissions de titres du 1er trimestre 2022. Ce qui confirme les sanctions financières prises contre les nouvelles autorités par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Ainsi, l’Etat malien est privé de ressources essentielles pour faire face à aux dépenses urgentes. Pis, le Mali n’a pas pu honorer une échéance financière le 31 janvier 2022 comme l’a fait savoir l’agence chargée du marché des titres publics de la zone Uemoa, UMOA-Titres, dans une note publiée le mardi 1er février 2022. « Il a été constaté le non-paiement des sommes dues ce 31/01/2022 par l’Etat du Mali au titre du paiement du capital et des intérêts sur l’Obligation assimilable du trésor référencée (code ISIN) 10000001080 pour un montant de 15,61 milliards FCFA », a-t-on pu lire. Il faut remarquer qu’il est assez tôt pour de défaut de paiement. Car, c’est le cas quand le retard de paiement se prolonge au-delà d’une période règlementaire, selon les législations. Mais les rumeurs concernant un possible ou probable défaut de paiement circulent déjà par rapport au Burkina Faso.
Standard & Poor’s précipite la chute du Burkina Faso
Le Burkina Faso vient de voir sa note de crédit de long terme en devises étrangères rabaisser à » CCC+ « . Précédemment noté » B « , par l’agence de notation internationale Standard & Poor’s, le pays des hommes intègres a dégringolé dans le rapport sur la qualité de crédit du pays rendu public le mercredi 26 janvier 2022 alors que le coup d’Etat a eu lieu le lundi 24 janvier 2022. Cette notation limite la capacité du Burkina Faso à faire face à ses engagements vis-à-vis de ses créanciers internationaux, en raison d’un accès réduit aux marchés de la dette.
Fitch annonce des jours ténébreux pour le Mali
L’agence de notation Fitch Ratings a renseigné sur les conséquences probables des sanctions contre le Mali. Et comme on pouvait s’y attendre, la junte au pouvoir a des soucis à se faire pour financer l’économie locale et faire face aux responsabilités de l’Etat central. A en croire Fitch Ratings, les sanctions économiques et financières contre le Mali pourraient porter un coup à la qualité de crédit des institutions ouest africaines que sont la Banque ouest africaine de développement (BOAD) et la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), notées respectivement » BBB » avec perspective » stable » et » B » avec perspective » négatif « . En tant qu’institutions de financement dédiées à la région d’Afrique de l’ouest, ces banques détiennent des créances sur l’Etat malien et des entités morales au Mali. Ces derniers n’étant plus en mesure d’honorer leurs engagements financiers en raison de la sanction du gel des avoirs à la BCEAO, cela impactera ces institutions bancaires qui seront dans l’obligation de faire des provisions. Une situation qui dégraderait leur coût de risque. A titre d’illustration, on peut noter qu’en 2021, le Mali représentait 12% du portefeuille de prêts de la BOAD (dont 69% à l’Etat) et 12% du total des prêts de la BIDC à fin août dont 46% à l’Etat. « Une part importante des expositions au Mali concerne des entités non souveraines non couvertes par le statut de créancier privilégié, pour lesquelles les pertes pourraient être élevées. L’impact économique des sanctions pourrait nuire à la capacité de ces emprunteurs non souverains à assurer le service de leur dette, même après la levée des sanctions », a expliqué avant de conclure par une note lugubre pour les militaires, avec un parfum d’avertissement. « Si les sanctions étaient toujours en place à la mi-2022, et qu’aucun remboursement de prêt de la part d’entités basées au Mali n’avait été reçu, cela entraînerait une hausse significative des prêts non performants, bien au-delà du seuil de risque » élevé » de 6 % », a fait savoir l’agence de notation.
L’Union européenne à la rescousse de la CEDEAO et l’UA
L’Union européenne a pris fait et cause pour la CEDEAO dans le bras de fer qui engage ce dernier à la junte au pouvoir au Mali. En effet, à la suite de l’institution économique de l’Afrique de l’ouest, elle a pris des mesures restrictives à l’encontre de plusieurs membres de la junte malienne, selon les informations rapportées par Reuters, le mardi 1er février 2022. Selon ces informations, cinq membres de la junte seront fichés dans le courant de ce mois sur une liste noire les interdisant de voyager dans l’UE en plus du gel de leurs avoirs dans la zone. Pour l’heure, les noms des membres de la junte qui sont dans le collimateur de l’UE ne sont pas encore rendus publics. Toutefois, il faut noter que les ministres des Affaires étrangères et de la défense ne seront pas visés, « afin de maintenir les canaux diplomatiques ouverts ».
Nafiou OGOUCHOLA