(Le quid des formations en adéquation avec le marché de l’emploi vient en rajouter aux difficultés)
La direction de l’office du Baccalauréat a procédé mercredi 13 juillet 2022 à la délibération pour les candidats admissibles à la session 2022 de cet examen au Bénin. 44.785 adolescents et jeunes ont été déclarés admissibles. Au lendemain de l’effusion de joie, les choix à opérer pour l’avenir taraudent les esprits de ceux-ci et de leurs parents car ceci est synonyme de dépenses importantes.
Nafiou OGOUCHOLA
Le jeudi 14 juillet 2022, assis sous le manguier devant son portail, Charles T., la cinquantaine, chef mécanicien à Cotonou, regardait les incessants croisements des usagers sur la route goudronnée à 15 mètres environ de lui. Moins de 24 heures après les démonstrations de joie qu’il a faites, il est au stade des équations à résoudre pour assurer la scolarité de sa fille de 20 ans qui vient de décrocher le baccalauréat. « Une université publique va me coûter des centaines de mille chaque année sans oublier les tenues, les fournitures, les livres, etc. J’ai déjà payé trois années de licence pour son frère et je sais ce que ça coûte à peu près. Maintenant si je veux moins cher, elle ira à l’UAC. Mais le problème de déplacement se posera. Je ne sais même pas à combien s’élève le coût du transport social universitaire mais il faut qu’elle puisse prendre un déplacement pour accéder à l’arrêt bus au cas où ce serait un peu loin de chez nous. Tout compte fait avec les tenues pour aller au cours, les fournitures et autres divers, je me retrouve devant la même équation : comment ? Comment faire face à toutes ces dépenses surtout par ces temps qui courent ? », a confié le béninois. Comme lui, ils sont des milliers qui liment leurs cerveaux contre cette équation notamment Bilikiss A., vendeuse de bijoux à Dantokpa. La revendeuse nous peint sa situation en quelques phrases : « Les activités sont au ralenti. Mon fils a eu le baccalauréat et veut faire une université privée. C’est presque le million qu’il faut débourser chaque année en guise de scolarité. En plus de ça, il lui faut une moto pour ses déplacements. Ce qui fait environ 600.000 FCFA. Il va acheter un litre d’essence par jour à 500 FCFA, prendre 1000 FCFA par jour pour manger à l’école et acheter des forfaits pour sa communication et autres recherches. Ça fait 45.000 FCFA par mois donc environ 405.000 FCFA sur neuf mois. Je suis déjà à deux millions environ par an. Quand on va ajouter les autres dépenses, je vais me retrouver entre trois et quatre millions FCFA que je dois débourser chaque année pendant trois ans pour qu’il ait la licence. Je vais trouver ça où ? Aujourd’hui où tout est cher et on souffre pour donner trois repas à nos enfants chaque jour, comment vais-je m’en sortir ? »
Dans le rang des futurs étudiants, l’amertume est quelque peu partagée. Au vu de la situation économique de leurs parents, certains apprenants n’ont guère le choix : « Je voudrais faire une filière comme le commerce international ou gestion des projets mais mes parents n’ont pas les moyens de payer. Donc je vais passer les tests pour m’inscrire dans une école de l’UAC et si ça ne marche pas je vais en faculté. Personnellement cela ne me gêne pas mais mon problème c’est de trouver un job pour aider les parents », a fait savoir Hervé D., candidat admissible au baccalauréat session 2022 au Bénin. Toutefois, au-delà des investissements à opérer dans les études universitaires de leurs enfants, l’adéquation entre la formation et l’emploi en rajoute aux inconnus.
Le quid des formations en adéquation avec le marché de l’emploi vient en rajouter aux difficultés
Les futurs étudiants et leurs parents en sont déjà à discourir sur les orientations à donner quant aux filières à choisir. Mais chacun a son objectif. D’une part, les parents veulent une formation qui va vite déboucher sur emploi stable. Le spectre du chômage et des diplômés sans emploi plane sur la tête de leur progéniture. Ils n’entendent pas entretenir leurs enfants jusqu’à environ ans avec femme et enfants comme c’est le cas bon nombre de fois. D’autre part, les futurs étudiants veulent embrasser la carrière de leur rêve. Comme dans les films. Etre journaliste comme tel, diplomate comme tel, scientifique comme celui-ci, historien, philosophe ou autre selon leur idole. De ces points de vue naissent des discordes, des cris et des pleurs parfois. Pour déboucher sur le meilleur ou le moins pire.