La culture béninoise est riche de ses mélodies, rythmes, pratiques et de ses hommes qui font la fierté du pays partout où ils sont sollicités. C’est le cas de l’artiste béninois Oroumonhou Eric Marius alias ‘’Akim Color’’ percussionniste, multi-instrumentiste et thérapeute. Par le biais d’une interview accordée à notre Rédaction, ‘’Akim Color’’ se faire connaître et livre son regard sur plusieurs questions culturelles. Lire ci-dessous, l’intégralité de ses propos.
L’investisseur : Pouvez-vous nous donner un aperçu de vos activités ?
‘’Akim Color’’ : Je suis sculpteur à la base. Je le faisais depuis les bancs. C’est une inspiration de faire les choses avec du bois. A un moment donné, comme j’avais du mal à rentabiliser la sculpture, je me suis consacré à la fabrication de mortiers. Et comme cela ne marchait pas également, j’ai commencé par fabriquer des tambours. Par la grâce de nos ancêtres j’avais la possibilité de concevoir des tambours divers avec des troncs d’arbres que j’allais chercher. Et comme je suis percussionniste, je fabriquais et jouais après. Ce qui a aussi fait que j’en fabriquais de très bons. Aujourd’hui, je suis aveugle mais je continue de monter les tambours. Entre autres, j’ai aussi suivi une formation avec un diplôme en soudure à lac.
La musique est plus attachée à moi aujourd’hui que je suis aveugle. Elle occupe la majorité de mes activités. J’ai un studio en Finlande, et j’ai fait violence sur moi-même pour apprendre à jouer des instruments à vent notamment la trompette et le saxophone. Je joue aussi la guitare basse. Aussi, je nourris le rêve d’avoir une école de musique au Bénin pour aider ceux qui veulent mais n’ont pas l’opportunité d’apprendre.
Quel regard portez-vous sur la musique béninoise ?
La musique béninoise a tellement pris d’allure que c’est un peu difficile de distinguer le meilleur du moins bon. La musique urbaine a pris de l’élan et s’impose parce que les adolescents et jeunes en redemandent. C’est leur temps. Mais cela met un peu les musiciens instrumentistes en retrait parce que la musique est vaste et il y a beaucoup de rythmes qui font danser en dehors de la musique urbaine.

Vous êtes concepteur du style musical appelé Afro-Zota. Comment peut-on le présenter ?
L’Afro-Zota est un style musical qui rassemble tous les styles de musique. Par le travail, l’expérience et notre savoir-faire, nous arrivons à créer chaque fois des ponts entre toutes sortes de musique afin de créer des sonorités qui prennent en compte les aspirations du plus grand nombre. Avec l’Afro-Zota, nous pouvons créer une synergie entre le jazz, le blues, le funk, le bolodjo, le zinli, le agbadja, le rock, le reggae et autres musiques. Au gré de nos expériences, aspirations et inspirations, nous créons une synergie où nous nous sentons tous à nos aises en symbiose avec les mélomanes et autres auditeurs et spectateurs en fonction de nos canaux de diffusion. Nous sommes actuellement en promotion de ce style musical. Nous faisons notre petit bonhomme de chemin et les mélomanes apprécient.
Voulez-vous nous présenter votre discographie ?
Mon dernier album est appelé ‘’Dont Provoc me’’. Ne me cherche pas noise. Il comporte neuf titres et est sorti en 2022. Cet album est actuellement disponible en ligne sur diverses plateformes de téléchargement de musique. ‘’Dont Provoc me’’ est mon 5ème album. Il a suivi le 4ème intitulé ‘’Takin’’ lancé en 2021. Ce dernier a été précédé du troisième album ‘’Nankihoun’’ mis sur le marché du disque en 2014. Le deuxième album est intitulé ‘’ Akim Color et Zounmèyito vol 2’’ lancé en 2004 après mon premier album que j’ai appelé ‘’ Zounmèyito’’ lancé en 1999.
Quelle comparaison faites-vous entre les musiciens béninois et européens ?
Je risque de vous faire écrire une bonne vingtaine de pages et je n’en aurais peut-être pas terminé. Pour être bref, je peux vous dire que le premier comportement que je déplore surtout chez nous musiciens instrumentistes béninois, c’est qu’on ne se respecte pas en matière d’heure. Comment peux-tu venir en retard de 20, 30 minutes à une répétition et être le premier à vouloir partir ? Par exemple, j’avais monté un groupe et j’en suis devenu l’esclave malgré moi. Je les paie pour le déplacement et les nourris lors des répétitions. Mais pendant que je dépense, les musiciens ne se sentent pas le devoir de faire agréablement le travail auquel ils ont été conviés. Cette mentalité nous arrière. Respectons-nous en tant que musiciens et soyons ponctuels. C’est nous-mêmes qui y gagnons. Mais ce comportement n’est pas que pour les musiciens. C’est général et cela se retrouve partout. C’est dommage. Car cette pratique s’est généralisée et règne dans nos foyers, sociétés et quartiers.
De même, les artistes béninois doivent maîtriser davantage leurs instruments. Il faut qu’ils travaillent avec acharnement car ce sont les répétions qui donnent le succès et les bonnes performances. Ce n’est pas le jour où tu as un concert que tu commences par travailler. Il faut répéter tous les jours et être prêt à tout moment. Il y a des opportunités partout et nous souffrons de représentativité au plan mondial. C’est à nous de travailler davantage pour être programmés sur les meilleurs rendez-vous de musique live dans le monde.
Que faites-vous à part monter les tambours et la musique ?
J’ai un don que j’ai eu la chance de développer en Europe. Je travaille sur les nerfs des hommes. J’ai acquis les techniques pour traiter et guérir les maladies de nerfs sans médicaments. Je travaille juste avec mes mains.
Les résidus d’aliments, effets secondaires de certains médicaments et autres produits que nous consommons endommagent les caves veineux sans que les patients ne puissent s’en douter. En palpant leur corps, je détecte les problèmes de nerfs et je prescris les exercices physiques adaptés afin que le patient se rétablisse. Il y a beaucoup de maladies dont la source se retrouve dans les nerfs. Mon traitement permet de venir à bout de bon nombre de maladies.
Avez-vous un message à l’endroit des citoyens béninois ?
Pour finir, il faut que les citoyens béninois jouent leur partition dans la promotion de la culture béninoise. La musique est un investissement. Un vrai business en Europe, aux-Etats-Unis et partout au monde. Les citoyens ont un rôle très important car ce sont eux qui achètent les produits, soutiennent les artistes et les propulsent vers de hauts sommets.
Interview réalisée par Hubert TOMEGA