Des espions, marabouts et propriétaires de maisons complices
Des drames s’enchaînent au damne des populations béninoises meurtries et dépouillées
Les périodes de fin d’années sont des opportunités saisies par divers malfaiteurs pour donner un coup d’accélérateur à leurs forfaits et se faire illégalement des économies en vue de passer la célébration des fêtes à l’abri de soucis financiers. Depuis quelques mois, les cybercriminels redoublent d’ardeur, au grand damne des paisibles populations béninoises.
Hervé CHABI
Les cybercriminels ont multiplié les stratégies pour faire d’innombrables victimes pendant ces périodes de fin d’années. Une de ces stratégies consiste à faire croire à des individus qu’un de leur proche est gravement malade, comme l’explique si bien un béninois sous le couvert de l’anonymat. « Un numéro que je ne connais pas m’a appelé. C’était un jeune homme au téléphone. Il m’a appelé par mon nom et a dit que mon fils, dont il a appelé le nom, était aux urgences suite à un grave accident. J’étais à Abomey-Calavi et il dit qu’il faut venir au CNHU. Quelques minutes plus tard, il me rappelle et dit qu’il faut envoyer d’ »urgence de l’argent pour les premiers soins. Je lui ai envoyé ce que j’avais. Mais une fois au CNHU, je me suis rendu compte que mon fils n’était pas aux urgences. Et c’est là que j’ai eu le réflexe de l’appeler et il me dit qu’il va bien et qu’il était au cours. J’étais tellement paniqué que j’avais roulé comme un fou pour être au CNHU. J’aurais pu faire un accident. Sincèrement, cela me fait encore mal que nos frères s’amusent avec des choses aussi sensibles. C’est dommage », a-t-il narré.
De même, les cybercriminels béninois se font passer pour des marabouts et appellent des citoyens en leur faisant croire qu’ils ont reçu de l’argent d’un de leurs proches pour leur envoyer un sortilège mortel. Paniqués, d’innocents citoyens se laissent ainsi facilement dépouillés.
Des espions, marabouts et propriétaires de maisons complices
Les auteurs des actes d’escroquerie, quelles que soient leurs formes, bénéficient de la complicité de plusieurs catégories de citoyens qui leur rendent divers services. Tout d’abord, les arnaqueurs ont souvent des espions qui collectionnent des informations avant de les livrer au plus offrant. Car, dans le cas des arnaques pour raison d’accident, les escrocs connaissent l’identité de leurs victimes. Il est donc clair que des espions circulent au milieu des populations et recueillent leurs informations à leur insu.
Ensuite, les marabouts et autres agents des ténèbres sont complices des arnaqueurs car souvent, les personnes arnaquées sentent après, qu’elles étaient soumises à une certaine pression au moment d’envoyer de l’argent aux arnaqueurs.
Enfin, les cybercriminels habitent forcément au milieu du peuple. Ainsi donc, leurs voisins et proches constituent des complices parce qu’ils savent qu’ils sont des escrocs mais ils ne les dénoncent pas. Car malgré le fait que l’appareil judiciaire du Bénin ait connu des avancées considérables ces dernières années en matière de lutte contre la cybercriminalité, il n’en demeure pas moins évident que le terreau des arnaqueurs a bien poussé depuis l’historique chasse aux sorcières de 2018.