La Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) a publié, l mercredi 26 juillet, l’édition 2023 de son rapport sur l’évolution des économies ouest-africaines. Intitulé ‘’Des perspectives mitigées : surendettement, croissance vacillante et baisse de l’inflation’’.
Luc TOSSOU
La pauvreté est restée endémique en dépit de l’escalade de la dette. Cela s’explique en partie par le fait que les chocs socio-économiques de notre époque ont entraîné une aggravation de la situation du chômage dans la sous-région, la plupart des pays ont connu une augmentation du taux de chômage en 2020, 2021 et 2022. Le taux de chômage moyen dans la sous-région s’évaluerait à 4,32 pour cent (avec hypothèse de la non prise en compte du sous-emploi) au terme l’année 2022. Le Niger (0,5 %) avait le taux de chômage le plus bas pour les personnes âgées de 15 ans et plus, tandis que le Cabo Verde (13,6 %) avait le taux de chômage le plus élevé en 2022. L’Organisation internationale du travail (OIT) projette une aggravation de la situation en 2023, alors que les pays s’efforcent à relever les défis socio-économiques les plus difficiles. Le taux de chômage moyen dans la sous-région devrait augmenter légèrement pour atteindre 4,42 % en 2023. Le Niger devrait conserver sa position de pays ayant le taux de chômage le plus bas, avec un taux projeté de 0,7 pour cent, tandis que le Cabo Verde conserve le taux de chômage le plus élevé de 13,9 pour cent.
Des niveaux d’endettement vertigineux
La dette publique devrait augmenter en 2023, étant donné la persistance (quoique plus restreinte) des déficits budgétaires dans l’ensemble de la sous-région. Cela étant, la plupart des nouvelles dettes devraient provenir de sources intérieures, étant donné que les taux des marchés internationaux de capitaux sont prohibitifs pour beaucoup. Cela soulève ainsi des questions sur les effets d’éviction et la stabilité des devises, étant donné la persistance des difficultés d’approvisionnement en devises fortes.
Le ratio dette/PIB devrait augmenter à 50 pour cent en 2023, contre 48,4 pour cent en 2022, avant de diminuer à 48,9 pour cent en 2024. Au niveau de l’UEMOA, le ratio dette/PIB devrait s’établir à 61,7 pour cent en 2023, contre 58,7 pour cent en 2021. Ce ratio devrait légèrement diminuer pour atteindre 60,1 pour cent en 2024. Le ratio dette/PIB de la ZMAO+ est projeté à 46,1 pour cent en 2023, avec une légère baisse à 45,2 pour cent en 2024.
Sauf restructuration de la dette, la plupart des pays connaîtront une augmentation du ratio dette/PIB en 2023, à moins qu’il n’y ait une politique délibérée de remboursement de la dette existante, ce qui pourrait avoir des conséquences sur le déficit budgétaire. Si rien n’est fait pour résoudre le problème de la dette, davantage de pays franchiront le seuil des 70 pour cent de dette par rapport au PIB au cours des 3 à 5 prochaines années.
Une croissance vacillante et irrégulière
L’activité économique de la CEDEAO devrait croître de 3,8 pour cent en 2023, contre 3,9 pour cent en 2022, l’UEMOA et la ZMAO+ devraient respectivement croître de 6,1 pour cent et 3,1 pour cent. En 2024, la croissance du PIB de la CEDEAO devrait atteindre 4,1 pour cent, celle de l’UEMOA et de la ZMAO+ 6,5 pour cent et 3,4 pour cent respectivement (graphique 13). La trajectoire de croissance des sous-groupes de la CEDEAO laisse présager une divergence entre les deux. En outre, l’écart de revenu devrait se creuser entre le Cabo Verde, le pays ayant le PIB par habitant le plus élevé, et la Sierra Leone, le pays ayant le PIB par habitant le plus bas (graphique 14). Il convient donc d’œuvrer à la convergence de la croissance et de remédier aux inégalités de revenus à l’intérieur des pays et entre eux.