Les chefs d’Etats et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) ont défini, le samedi 23 janvier 2021, une nouvelle échéance pour l’entrée en vigueur de la monnaie Eco. Ils ont annoncé le lancement de la monnaie unique ECO en 2027.
Nafiou OGOUCHOLA
L’entrée en vigueur de la monnaie Eco prévue pour 2027 ne peut être effective. Tout d’abord, les Etats de la CEDEAO affichent leurs divisions suite au renversement du président élu du Niger Mohammed Bazoum par les militaires aujourd’hui au pouvoir. Sur les 14 pays qui composent cet ensemble communautaire notamment Bénin, Burkina, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia, Mali, Niger, Nigéria, Sénégal, Sierra Leone, Togo, quatre sont dirigés par des militaires qui ont renversé des civils démocratiquement élus. Ainsi donc, les actuels dirigeants en Guinée, au mali, au Burkina Faso et au Niger ne sont-ils pas soutenus par leurs homologues de la CEDEAO. Certes, on peut dire que les dix autres pays restants peuvent commencer par utiliser l’Eco en attendant que les quatre actuellement dirigés par des militaires ne retrouvent leur stabilité. Mais c’est sans compter que d’autres facteurs sont à prendre en compte.
Ensuite, l’entrée en vigueur de l’Eco ne sera pas pour 2027 parce que la Zone monétaire ouest-africaine (ZMOA) a du plomb dans l’aile. En effet, cette union regroupant les pays membres de la communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui n’utilisent pas le franc CFA (la Gambie, le Ghana, la Guinée, le Libéria, le Nigeria et la Sierra Leone), fondée en 2000, est le pendant à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) qui regroupe les pays de la région utilisant le franc CFA. À terme ces deux organisations devaient fusionner au sein de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. La nouvelle devise aurait dû émerger en 2015, mais le projet est depuis 2014 « au point mort ».
Enfin, en attendant d’aborder la question relative aux critères de convergence, il convient de préciser que l’aversion de plus en plus forte des populations africaines pour la France et ses accords envers ses anciennes colonies, constituera une source de contestations de la monnaie Eco si tant est-il qu’elle sera rimée à l’Eco à taux fixe. Avec l’amélioration de ses relations avec les Etats africains, la Russie et le rouble peuvent se positionner en alternative pour arrimer l’Eco sans oublier que le dollar sera aussi perçu comme une alternative meilleure que l’Euro.
Les divisions entre les Etats de la CEDEAO annihilent les efforts vers la création de la monnaie unique Eco. Aujourd’hui, plus qu’hier et bien moins que demain, les chances de l’Eco ne cessent de s’amenuiser. La preuve, on n’en parle même plus.