A 640,1 pour 1$, le franc CFA atteint son plus faible niveau depuis 20 ans
Entre opportunité et risques de surenchère, l’Uemoa et la Cemac n’ont pas leur destin entre leurs mains)
La guerre en Ukraine a des répercussions sur la monnaie Euro qui faiblit face au dollar américain. Le mardi 05 juillet 2022, l’euro, a reculé de 1,5% face au dollar américain, atteignant son niveau le plus bas depuis près de 20 ans, selon les informations relayées par l’agence Ecofin. Ce qui a des impacts divers sur les économies des pays ayant en partage le franc CFA.
Nafiou OGOUCHOLA
Le lancement de la monnaie unique de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) Eco annoncé pour 2027 a trouvé un nouvel handicap sur son chemin déjà semé d’embûches. En effet, l’Eco faibli depuis le début de l’année 2021 devant le dollar américain. Entre autres raisons, l’inflation a atteint à fin juin, le niveau de 8,6%, principalement tirée par les prix de l’énergie dont les factures au niveau mondial se payent principalement en dollar US. Hier, mercredi 6 juillet, la devise africaine se négociait à 640,1 FCFA pour 1$, selon des informations de la plateforme Xe.com relayées par l’agence Ecofin. C’est son niveau le plus faible depuis plus de 20 ans. Cette hausse généralisée des prix sur le marché mondial profite à la monnaie américaine qui est très sollicitée et sa valeur augmente. Cette situation a poussé la Banque centrale européenne (BCE) à envisager de relever ses taux pour la première fois depuis 11 ans, lors de sa réunion du jeudi 21 juillet 2022. Les investisseurs sont insatisfaits de l’annonce faite par la présidente de la BCE, Christine Lagarde d’une hausse de 0,25%, et privilégient ainsi le dollar qui est plus rentable.
L’Eco prévu pour rester arrimer à l’Euro, un problème qui s’aggrave
La stabilité de la monnaie Euro est le justificatif trouvé par certains chefs d’Etat et de gouvernement pour expliquer leur volonté de voir la monnaie unique Eco s’arrimer à l’Euro. Alors plusieurs chefs d’Etats d’Afrique de l’ouest avaient ouvertement exprimé leur désaccord par rapport à ce choix, le nouveau sort fait à l’euro viendra, à coup sûr, jeter de l’huile sur le feu des négociations. En effet, non seulement il sera plus que jamais question de la nécessité d’arrimer l’Eco à l’Euro, mais il sera aussi question du choix entre des parités fixe et flexible.
Entre opportunité et risques de surenchère, l’Uemoa et la Cemac n’ont pas leur destin entre leurs mains
La dépréciation de l’Euro devant le dollar US expose les Etats africains à diverses fortunes. D’une part, les pays exportateurs de matières premières comme le pétrole, l’or, le gaz, le cacao, le coton, obtienne une réelle opportunité d’accroître leurs revenus d’exportation. Il en est de même pour les pays de la zone Uemoa car la Banque centrale (BCEAO) a récupéré ses réserves de change et les a placées majoritairement sur des actifs en dollars US. Encore une bonne opportunité de générer des plus-values. Toutefois, les pays de l’Uemoa ne s’en sortiront pas à si bon compte.
Les Etats de l’Uemoa et de la Cemac sont des importateurs de biens et services de l’Europe. Mieux, ce continent constitue leur partenaire commercial clé. Donc, ils auront à subir les conséquences de l’inflation de l’euro. Ce qui fait que les produits importés d’Europe leur reviendront plus chers.