Le président américain Joe Biden a décidé de renouer le contact avec l’Afrique, dans la droite ligne de ce que faisait Barack Obama et qu’avait gelé Donald Trump dit-on de source diplomatique. Un sommet USA-Afrique serait même en préparation. Toutefois, cette soudaine envie de resserrer les liens avec les Etats africains peut cacher des intentions autres que celles liées à une coopération au bénéfice des deux parties.
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a indiqué que le président Joe Biden projette d’organiser un grand sommet pour réunir les décideurs américains et africains. « … une politique diplomatique de haut-niveau (…) qui permettra de transformer les relations et de rendre une coopération efficace possible », a-t-il confié selon les propos rapportés le vendredi 19 novembre 2021 par le journal marocain TelQuel. Tout d’abord, cette annonce intervient en pleine opération de séduction de la République populaire de Chine en Afrique.Dans quelques jours, du 28 au 30 novembre 2021, la Chine a rendez-vous avec les dirigeants africains, à Dakar, au Sénégal, dans le cadre de la 8ème Conférence ministérielle du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC). Ensuite, la thématique ce rendez-vous en dit long sur la volonté de l’empire chinois de resserrer l’étau autour des nations africaines. “Approfondir le partenariat sino-africain et promouvoir le développement durable pour bâtir une communauté d’avenir partagé entre la Chine et l’Afrique, dans la nouvelle ère”. Enfin, la 8ème FOCAC servira de cadre à l’adoption de quatre documents de grande envergure, parmi lesquels un programme d’actions pour 2022-2024. De même, un accord sur la vision 2035 de la coopération sino-africaine sur la coopération et le changement climatique sera ratifié par l’Afrique et la Chine.
Après l’Europe et la Chine, les USA à l’assaut du gâteau africain
Les importantes ressources naturelles du continent africain ont tôt fait d’attirer les européens qui, après des décennies d’exploitations, se sont faits rejoints, depuis quelques années, par la Chine. Aujourd’hui, c’est au tour des Etats-Unis d’Amérique qui s’annoncent avec tambours et trompettes battants. D’une part, il est clair que le désormais bras tendu du pays de l’oncle Sam à l’Afrique peut révéler, entre autres, la volonté de cette puissance mondiale de se servir à la table des atouts dont dispose l’Afrique pour son développement. Même si c’est normal et cela peut constituer une excellente occasion pour les Etats africains d’accroître leurs performances en vue de se développer, il n’en demeure pas moins évident que les Etats-Unis d’Amérique ne viendront surement pas jouer aux ‘’bons samaritains’’ en Afrique. Loin de là. Ils chercheront normalement à faire des profits. Et c’est là que se joue le drame africain. Les retombées de cette coopération seront-elles mises au service de l’intérêt supérieur de la nation et du peuple ? A moins que l’administration Biden ne trouve des stratagèmes pour encadrer les accords et suivre la traçabilité des fonds issus de ces ententes, il est clair que les populations de bon nombre d’Etats africains ne bénéficieront pas du réchauffement annoncé des relations entre les décideurs américains et africains.
Le duel Chine-USA s’intensifie
L’administration Biden intensifie la concurrence entre les USA et la Chine. Plus discret et pondéré que son prédécesseur le président des Etats-Unis d’Amérique n’est pas pour autant insensible aux progrès de la Chine. Conscients de ce que l’empire chinois gagne beaucoup en Afrique, les américains, en se positionnant sur le marché, vont non seulement réduire la marge de manœuvre des chinois mais aussi glaner des recettes pour leur économie. Mieux, si les Etats-Unis se montrent aussi efficaces qu’ils le sont d’habitude, ils pourront remplacer la Chine au rang de premier partenaire économique de l’Afrique. Le sommet USA-Afrique s’annonce ainsi comme l’occasion pour les américains de faire d’une pierre plusieurs coups. Quid de la réaction de la République populaire de Chine.
Nafiou OGOUCHOLA