Le pape François a dénoncé, mardi 31 janvier, le « colonialisme économique » en Afrique et plus particulièrement en RD Congo, tout en appelant les pays riches à « cesser d’étouffer » le continent.
Luc TOSSOU
« Ôtez vos mains de la République démocratique du Congo, ôtez vos mains de l’Afrique ! Cessez d’étouffer l’Afrique : elle n’est pas une mine à exploiter ni une terre à dévaliser. Que l’Afrique soit protagoniste de son destin », a lancé le souverain pontife dans un discours prononcé peu après son arrivée, mardi, en début d’après-midi, en RD Congo. « Que le monde se souvienne des désastres commis au cours des siècles au détriment des populations locales et qu’il n’oublie pas ce pays ni ce continent. Que l’Afrique, sourire et espérance du monde, compte davantage : qu’on en parle davantage, qu’elle ait plus de poids et de représentation parmi les nations », a-t-il ajouté dans un discours prononcé au palais présidentiel, devant les autorités et le corps diplomatique.
Le Pape s’est également désolé que la RD Congo, et plus largement le continent africain, souffrent encore de diverses formes d’exploitation et d’un pillage des abondantes ressources. « C’est une tragédie que ces terres, et plus généralement tout le continent africain, continuent à subir diverses formes d’exploitation », tout en exhortant les Congolais à ne pas « glisser dans le tribalisme et la confrontation ».
Faisant spécifiquement référence à la RD Congo, il a estimé que « le poison de la cupidité a ensanglanté ses diamants », déplorant un « drame devant lequel le monde économiquement plus avancé ferme souvent les yeux, les oreilles et la bouche ».
Le chef de l’Eglise catholique a par ailleurs appelé la classe dirigeante congolaise à « favoriser des élections libres, transparentes et crédibles » face à la menace de la corruption, alors qu’une élection présidentielle est prévue dans le pays le 20 décembre.
La RD Congo abrite des gisements de diamants, d’or, de cuivre, de cobalt, d’étain, de tantale et de lithium parmi les plus riches du monde, mais les deux tiers des quelque 100 millions d’habitants vivent avec moins de 2,15 dollars par jour. Ces richesses naturelles alimentent également des conflits sanglants entre des groupes rebelles soutenus par des pays étrangers et les forces gouvernementales.
Le pape François peut mieux faire
La dénonciation du souverain pontife bien qu’elle soit à féliciter n’en demeure pas moins un acte qui n’aura certainement pas d’effet sur les relations entre les puissances occidentales et l’Afrique. En tant que dirigeant de l’Etat du Vatican, le pape François peut faire mieux et suer de beaucoup d’opportunités qui s’offrent à lui pour convaincre ces puissances de faire preuve d’humanité et de solidarité dans leurs relations avec les Etats africains. Mais c’est peut-être trop demander. Tout le monde semble satisfait de cette dénonciation. On s’en arrêter là pour le moment. Jusqu’à la prochaine visite.