(« Construire une idéologie économique permettra de mettre en place une conscience et un système collectif »)
Le promoteur des chocolats de marque ‘’Gounou’’ l’entrepreneur béninois Moutawakilou Gounou, a dans un récent post sur un réseau social fait part de ses convictions dans les stratégies développées par les pays africains dans leur processus vers le développement durable. Notre rédaction vous propose cette contribution, plus complète que celle diffusée sur un réseau social, en vue de vous faire part de ses aspirations pour le progrès dans l’industrie sur le continent. A en croie cet investisseur la politique d’industrialisation telle que pratiquée en Afrique fait du continent un géant aux pieds de sables. Lire ci-dessous, l’intégralité de la contribution parvenue à notre rédaction.
Contribution de Moutawakilou Gounou
LA DÉMARCHE ACTUELLE D’INDUSTRIALISATION EN AFRIQUE BIEN QUE LOUABLE, NE SERA PAS DURABLE ET APPARAÎT, À LA LIMITE, UTOPIQUE
Lorsqu’une personne engage une série de résolutions dans la perspective de changer un état de mal-être profond, elle met en place (normalement) un cadre logique qui crée une cohérence en termes d’alignement entre ses ressources, ses moyens et ses objectifs. Dans le cas d’un pays, il est impossible de toucher chaque citoyen pour expliquer en détail les actions et la stratégie pour y arriver. C’est pour cela que les élites intellectuelles contemporaines ont créé ce qu’on appelle une idéologie. Le dictionnaire nous dit qu’une idéologie est un système d’idées générales constituant un corps de doctrine philosophique et politique à la base d’un comportement individuel ou collectif. C’est donc une base qui permet à chaque acteur de l’ensemble d’aligner, ajuster les objectifs, les actions, et même les moyens vers le grand objectif commun.
C’est quoi le lien entre idéologie et industrialisation ?
L’industrialisation est si importante pour une nation et si complexe qu’elle ne peut pas se développer uniquement par une volonté politique constituée en un plan d’action. Non. Depuis les années 1960, toutes les autorités en Afrique de l’Ouest ont eu des programmes des plus objectifs au plus farfelus que possible. Mais les résultats sont là 62 ans après les indépendances.
La vérité est que les plans d’actions changent en fonction des autorités, alors qu’une idéologie reste, car totalement neutre en termes de position, mais entièrement engagée dans l’idéal d’un bien collectif plus grand.
Qu’elle est l’idéologie industrielle de ton pays ? Et comment cela met au centre la création et le partage de valeur avec les concitoyens ? Telle sont les vraies questions que nos industriels devraient réellement se poser.
Il n’existe aucun antécédent dans l’histoire de l’humanité d’un pays qui a réussi l’exploit de devenir durablement industriel sans une idéologie forte admise dans l’élite économique. Par contre la plus part des pays qui ratent l’émancipation industrielle avec une phase temporaire de développement de quelques industries ont en commun l’absence d’une mission plus profonde portée par d’abord les nationaux et ensuite accompagnée – soutenue par les étrangers. Parce qu’en général les choix et décisions des acteurs économiques sont presque toujours guidés par la perspective d’un profit alors que la « construction d’une économie » pour un pays pauvre va au-delà de cette réalité basique. Un acteur qui fabrique des chemises aujourd’hui à Cotonou, peut décider quitter et s’investir demain dans la pêche au Congo parce que cela lui est plus profitable. Mais un béninois investit d’une mission idéologique de nourrir les 12 millions d’habitants ne le fera pas aussi facilement.
Donc, dans un environnement aussi extraverti et aussi faible en régulation, construire une idéologie économique permettra de mettre en place une conscience et un système collectif orienté vers les grands enjeux et une durabilité des résultats dans le temps.
Moutawakilou Gounou