Le développement durable inclut des investissements autant financiers, infrastructurels que personnels en adéquation avec des habitudes érigées désormais en règles d’or. En effet, en vue de veiller aux intérêts des travailleurs et au respect de l’environnement, des normes réunies au sein de la Responsabilité sociale des entreprises (RSE) ont été instituées pour renseigner sur les attitudes à adopter. Vulgarisée depuis quelques années au Bénin, la RSE fait son petit bonhomme de chemin nonobstant le constat faisant état de ce que beaucoup reste à faire pour mettre non seulement les travailleurs dans les conditions idoines de vie et de travail mais aussi pour accompagner les employeurs dans sa mise en place au sein de leurs entreprises.
Dans le cadre de la réalisation de ce dossier, l’équipe de rédaction a préconisé une série d’interviews avec divers acteurs en vue d’avoir plusieurs sons de cloches notamment le directeur associé du cabinet MINDO CONSULTANTS, Léon Anjorin Kodoude ; le docteur en sciences de gestion (Enseignant chercheur) de l’Université d’Abomey-Calavi au Bénin et praticien de l’université de recherche des Nations-Unies en Suisse (UNITAR) sur les questions relatives aux Objectifs de développement durable, Harry Viderot ; la fondatrice et présidente de l’ONG Responsabilité sociale et environnementale des entreprises et organisations au Bénin (RSEEO-BENIN), Sahoudatou Orèdola Pio et le président de l’Association pour la promotion de la responsabilité sociale et environnementale des entreprises au Bénin (APRSEE-BENIN), Olivier Asséréou DEDOH. Lire ci-dessous l’intégralité des propos de Dr Harry Viderot.
L’investisseur : Quels sont les points communs entre la RSE et les ODD ?
Dr Harry Viderot : Les objectifs de développement durable sont les dix-sept priorités mondiales à l’horizon 2030 adoptées par l’Assemblée générale des Nations unies. Ils concernent la lutte contre la pauvreté et la faim, l’éducation et la santé, mais aussi le travail décent, le changement climatique, la biodiversité, les modes de consommation et de production durables. Ainsi, au-delà des États, ces objectifs concernent tous les acteurs de la société : les collectivités, les citoyens, les associations, et bien sûr les entreprises.
Les démarches RSE, qui évaluent la prise en compte de l’impact des activités d’une entreprise sur l’environnement et la société, partagent un certain nombre de problématiques avec les objectifs, dont elles peuvent favoriser l’atteinte, les ODD définissant les axes prioritaires à intégrer. Les entreprises peuvent ainsi contribuer à cet agenda mondial en faisant évoluer leurs modes de management et de production : favoriser l’égalité femmes/hommes ; réduire les impacts de leur activité sur la biodiversité et le climat ; développer des produits ou services qui permettent de favoriser l’atteinte de ces objectifs.
Ainsi la RSE, qui questionne les stratégies d’entreprise, constitue un levier pour transformer le modèle économique afin de favoriser la réalisation des ODD. Il convient de bien distinguer objectifs de développement durable (ODD) et responsabilité sociétale des entreprises (RSE) : ces deux concepts sont de nature et de portée très différentes, même si leur finalité – le développement durable – est la même. Les ODD ont été adoptés par l’Assemblée générale de l’ONU en 2015 et définissent des exigences à l’égard de ses membres (les États) pour un cadre temporel défini à l’horizon 2030. Les acteurs privés sont également vivement engagés à y contribuer. Les ODD incarnent la notion de « bien commun », de plus en plus présente au niveau international. La RSE concerne les entreprises. La Plateforme RSE a élaboré en 2014 un texte de référence, qui s’appuie sur la définition de la RSE donnée par la Commission européenne : « la responsabilité des entreprises vis-à-vis des effets qu’elles exercent sur la société ». Cette définition européenne est une référence partagée par les membres de la Plateforme RSE. Dans la même logique, la norme internationale ISO 26 000 sur les lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale est à destination des organisations, tandis que les ODD s’adressent à tous les acteurs. Les ODD et la RSE reposent sur les mêmes enjeux du développement durable : économique, social, environnemental. Alors que les ODD relèvent d’une vision prospective et de l’initiative volontaire pour développer de nouvelles stratégies et politiques en faveur du développement durable, la RSE renvoie à la notion de responsabilité vis-à-vis des impacts de l’activité des entreprises, et mobilise conjointement droit dur et droit souple. Ainsi, les ODD ne peuvent pas remplacer l’ensemble du spectre de la RSE car ils ne traitent pas explicitement de la démarche reliant entreprise et société qui repose sur le dialogue entre parties prenantes. Le risque de substitution est donc à relativiser, la RSE s’appuyant en outre sur d’autres textes, nationaux et internationaux (UE, OCDE, ONU, OIT, etc.).
Peut-on aujourd’hui parler de l’émergence d’un modèle RSE africain ?
Du côté de l’Afrique, surtout subsaharienne, l’implémentation de la RSE est encore balbutiante et ambiguë. Quelques initiatives supranationales (forum international des pionniers de la responsabilité social de l’institut Afrique RSE organisé depuis 2011, la déclaration de Johannesburg sur le DD, etc.) sont notées parallèlement à une pratique de RSE particulièrement marquée par les efforts des multinationales (Daouda, 2014). Ces dernières ont tendance à suivre la même politique de RSE des sociétés mères ; d’où l’idée d’une RSE importée des continents ayant plus d’expérience et de tradition plus longue que le continent africain.
La RSE est encore peu connue sur le continent africain et au Bénin. Quelles sont, selon vous, quelques raisons qui justifient cet état de choses ?
Les initiatives en matière de RSE valorisées par les multinationales visent à s’inscrire dans une perspective de développement économique et social. Elles s’avèrent bien pauvres au regard de l’ampleur des exigences aussi bien environnementales que sociales et économiques à atteindre. Un double défi s’impose. D’une part, les multinationales doivent s’efforcer d’internaliser les externalités négatives dans leur métier, et de participer à des projets socio-économiques qui améliorent la qualité du tissu social. D’autre part, dans les cas où les oppositions entre les multinationales et les parties prenantes (société civile, État, ONG, etc.) sont fortement prononcées, une régulation publique de la RSE (contrôle du respect de certains standards sociaux et environnementaux, expertises techniques, mesures punitives, etc.) pourrait aider à inscrire davantage les actions des entreprises dans un processus de développement socialement responsable
Quelles stratégies proposez-vous pour la vulgarisation des RSE au Bénin ?
Nos recommandations s’adressent d’une part au gouvernement : il s’agit de porter les ODD à l’échelle nationale et internationale, en soutenant les négociations favorisant les ODD. Egalement de mettre en œuvre des actions de communication et de sensibilisation à destination du grand public, et d’intégrer les ODD dans les critères d’achat public.
Aux entreprises, d’analyser leur activité sur l’ensemble de la grille de lecture des cibles des ODD pour compléter leur démarche RSE et identifier, le cas échéant, des opportunités d’innovation de produits et services ; d’introduire, lorsque c’est pertinent, les cibles des ODD parmi les critères de leur analyse de matérialité ; et d’intégrer les ODD dans les critères de l’investissement socialement responsable et de la finance durable.
Aux fédérations professionnelles, de favoriser l’intégration des ODD à la stratégie des TPE-PME en établissant des guides pertinents pour ces secteurs, et de prendre en compte les ODD dans les démarches des labels sectoriels RSE.
Aux partenaires sociaux, enfin, de faire des ODD un sujet du dialogue social, d’organiser des travaux prospectifs sur les ODD et la RSE et d’encourager l’intégration de cibles et d’indicateurs ODD dans la négociation d’accords de branche et d’accords-cadres internationaux.
A tous de se référer au manuel proposé des outils techniques et de méthodologie harmonisée pour l’intégration et l’alignement des cibles prioritaires des ODD et de l’agenda 2063 dans les documents de planification et qui d’autres part évalue le degré de leur prise en compte dans les documents porté par Dr Harry VIDEROT Consultant principal pour la DGCS-ODD -Ministère du Plan au Benin en partenariat avec la GIZ.Un document inédit
Quel est le rôle à jouer par les entreprises publiques, donc l’administration, dans la vulgarisation des RSE ?
Le fait est que de plus en plus d’entreprises sont incitées à aligner leur démarche RSE aux ODD, voire à en faire le cœur de leurs stratégies. Gare en revanche à ne pas tomber dans de l’ODD washing. « Certaines entreprises se contentent de sélectionner certains objectifs et de les citer dans leurs rapports de développement durable, alerte Sarah Dayan. Or, la condition de réussite de l’utilisation des ODD est leur prise en compte dans leur globalité, en ayant conscience de leurs interdépendances, tout en en priorisant certains. »..
Quelles sont les différences entre les idées reçues et la réalité sur le terrain de la RSE au Bénin ?
Les résultats du Baromètre des entreprises béninoises en matière de RSE et des ODD datant d’octobre 2022 a analysé 764 entreprises béninoises de plusieurs secteurs d’activités : banques, industrie, tourisme, énergie, transport, agriculture, etc.
Sur la thématique à proprement parler de la RSE, la communication est encore presque inexistence dans le monde des entreprises béninoises. « Aucune entreprise béninoise sur les 764 n’a publié son rapport RSE », indique le rapport. Se basant sur les réponses de 18 entreprises dans le cadre d’un sondage, il en ressort que « l’absence de reconnaissance pour les entreprises engagées, le manque de politique publique de RSE et l’absence de formation sur la RSE sont les principaux freins au déploiement de la RSE au Bénin ». 64,71 % des organisations / entreprises béninoises affirment qu’elles sont engagées dans une démarche RSE. Mais la grande majorité n’ont pas de Responsable RSO (Responsabilité sociétale des organisations) / RSE. L’étude reconnaît tout de même, avec satisfaction, l’évolution d’un écosystème de plus en plus favorable à la RSE au Bénin : l’engagement du gouvernement sur les ODD, la mise en place d’un Groupe de Travail sur la RSE, la Charte sur la RSE et le dynamisme du secteur privé. Elle préconise la formation des acteurs du secteur privé et des fonctionnaires, l’introduction de la RSE dans les modules dans les universités, la mise en place d’un label RSE, etc et l’adoption de politiques favorables à la RSE.
Avez-vous un message à l’endroit des entreprises qui hésitent à s’engager sur le chemin de la RSE ?
Face à ces défis, les premières conditions d’une mobilisation accrue des entreprises en faveur des ODD sont la pédagogie et la sensibilisation à ce cadre de référence pour les entreprises et leur démarche RSE. Les ODD peuvent devenir des repères dans toutes les étapes de la définition d’une stratégie RSE. L’enjeu est de s’appuyer sur les ODD à certaines étapes clés dans la définition d’une stratégie RSE intégrée à la stratégie d’entreprise. La démarche pour les entreprises doit alors être d’examiner leurs pratiques et leurs productions pour voir comment elles contribuent ou non à l’avancée des cibles de l’Agenda 2030, en se projetant a priori sur l’ensemble de celles-ci. Par ailleurs, les ODD peuvent inspirer les entreprises qui s’engagent dans des démarches responsables. Ils peuvent offrir une première approche à celles qui entament des démarches RSE. Les ODD sont avant tout une manière d’inspirer la politique RSE de l’entreprise au regard d’un cadre universel concerté.
Avez-vous un sujet particulier à aborder pour clore cet entretien ?
Les dispositions de la compétitivité économique mondiale actuelle, les enjeux de développement ont amené les organismes béninois à mettre en place un outil dédié, afin de permettre aux organismes volontaires, en particulier les entreprises, de structurer et valoriser leur démarche RSE. Ainsi, les organismes du Bénin s’engagent dans une démarche d’identification et de prise de leurs responsabilités envers la société dans les domaines qui fondent un développement durable. La prise en compte de la responsabilité sociétale des entreprises béninoises apporte à la croissance durable et au développement de l’économie, un soutien solide et efficace. Ceci implique notamment de veiller à la solidité d’un modèle économique viable, reposant à la fois sur la qualité de son bilan, la rentabilité globale et le niveau de risque de ses interventions et sur sa capacité à mobiliser des ressources propres issues du résultat de ses activités. La croissance économique des entreprises trouve tout son sens lorsque celle-ci est créatrice de richesses et d’emplois dans les territoires, respectueuse de la santé, de la sécurité, de l’inclusion sociale, de la qualité de vie au travail et du développement des personnes puis nourrie par un dialogue social porteur de progrès. De la même façon, le développement des entreprises s’inscrira dans une perspective de respect de l’environnement, d’utilisation durable des ressources naturelles et de maîtrise des impacts environnementaux des activités. Enfin les organismes béninois attacheront la plus grande importance à la mise en place et au fonctionnement effectif de modalités de gouvernance structurées, éthiques, transparentes, inclusives et attentives au respect des intérêts des parties prenantes. Et le cabinet TALENT INCUBATOR est votre partenaire ideal pour vous y aider. Et, vous conviez à nos formations du mois de novembre et décembre 2021 à venir
Présentation de Dr Harry Viderot
Docteur en sciences de gestion ( Enseignant chercheur ) de l’Université Abomey-Calavi du Benin et Praticien de l’université de recherche des Nations Unies en Suisse UNITAR sur les questions relatives aux Objectifs de développement durables ; je suis Consultant senior en Management des projets et programmes en suivi évaluation et Stratégies de développement pour les entreprises et organisations . Formateur pour l’accompagnement des entreprises privées dans les pays en développement certifié par la BADEA-ONU, je suis Consultant formateur senior associé aux projets de l’AUF à l’Université Mohammed 1er OUDJA et spécialiste des softs skills. Consultant national dans le cadre de l’appui technique pour contribuer à l’engagement des leaders communautaires en matière de scolarisation de la jeune fille, de la lutte contre les pratiques néfastes et les VGB – Projet SWEDD BENIN / cefa-psd et Expert Pays TFO Canada en Services De Préparation à L’Exportation et Responsabilité Sociale des Entreprises pour relever les défis auxquels font face les femmes exportatrices qui sont sous-représentées et requiert un soutien particulier par les IAC publiques et privées, le projet renforcera la capacité des IAC à accroître leur engagement auprès des femmes exportatrices, afin d’offrir des services qui répondent mieux à leurs besoins. Master professionnel GLOBAL HEALPH à JOHNS HPKINS BLOOMBERK, et Diplômé en gestion des projets et opérations de Université ALISON (Irlande-USA) sans oublier un Diplôme en Business Administration et entrepreneuriat. Je suis le directeur du groupe TALENT INCUBATOR.
Présentation du groupe Talent incubator
Cabinet de conseil en management, notre métier est d’aider nos clients à définir et rendre opérationnels leurs choix stratégiques quel que soit le domaine d’expertise et ce, aux différents échelons de leurs structures. Cette ouverture et notre approche hybride des questions de management et de la stratégie de performance, nous permettent d’apporter, non une solution clef en main, inutile au final, mais bien un ensemble de connaissances, un écosystème de pensée et de créativité, toujours en ébullition, qui guide efficacement votre entreprise dans sa transformation et son optimisation opérationnelle. Ainsi, nous pouvons répondre à votre appel pour aider à produire une nouvelle vision managériale que vous soyez une société publique, privée ou une organisation, et ce quelle que soit la taille.
Pour assurer la performance exceptionnelle dans tous ces domaines, nos méthodologies permettent de révolutionner le management de votre entreprise à travers notamment la mise sous tension de l’entreprise ; l’utilisation des ressources et des potentiels inexploités ; le leadership pour tirer le meilleur de chacun et l’intégration pour faire tomber les barrières et construire ensemble. Nous plaçons la compétitivité de l’offre et la performance opérationnelle au cœur de nos démarches
Ensuite, En tant que SAEI, on intervient dans un contexte national et sous régional marqué par une dynamisation de l’écosystème entrepreneurial. On propose une gestion performante des structures et startup à l’entrepreneuriat innovant afin d’assurer une offre de service de qualité ;
La présence d’une équipe d’incubation/accélération suffisamment outillée pour répondre aux besoins d’accompagnement des porteurs de projet d’entreprise. Créer et faire vivre une offre d’accompagnement adaptée aux besoins des entrepreneurs, des structures académiques, institutions publiques, des entreprises privées avec un bon accompagnement qui permet à la startup de définir sa mission et sa cible, connaitre les besoins et les contraintes de sa cible, identifier les objectifs de l’accompagnement, déterminer une méthode, structurer un plan d’accompagnement, mobiliser les ressources, faire vivre et évoluer l’accompagnement.
Enfin, En tant qu’organisation humanitaire œuvre pour l’atteinte des objectifs de développement durable.
Interview réalisée par Nafiou OGOUCHOLA