MTN et Moov Africa : « Ils vont en souffrir mais ne peuvent rien faire »
Des stratégies pour retarder le Bénin et déstabiliser l’Arcep ?
Les réformes opérées par le gouvernement du président Patrice Talon dans le secteur des télécommunications au Bénin ont conduit à la mise en gestion déléguée de la Société béninoise d’infrastructures numériques (SBIN), le vendredi 21 mai 2021. Dans l’exercice de ses prérogatives, l’Autorité de régulations des communications électroniques et de la poste (Arcep) a invité la filiale du sud-africain MTN et Moov, filiale de Maroc Telecom, en en novembre 2021, à ouvrir des discussions avec la SBIN pour négocier un contrat d’itinérance permettant au nouvel entrant d’utiliser leurs réseaux. En effet, l’opérateur public, dont la gestion a été confiée au sénégalais Sonatel, a prévu de lancer ses services mobiles au deuxième trimestre de l’année 2022. Il n’en faudra pas plus pour susciter diverses appréciations et analyses.
C’est dans cet ordre d’idées que le vendredi 14 janvier 2022, le magazine ‘’Jeune Afrique’’ a publié via son site internet une production titrée ‘’Economie : Le Bénin accentue la pression sur Moov et MTN au profit de la SBIN’’. Après la publication, le Secrétaire exécutif de l’Arcep, Dr Hervé Guèdègbé a fait usage de son droit de réponse pour rétablir la vérité sur certains faits et commentaires du média hexagonale. Ce que ‘’Jeune Afrique’’ a publié en dessous de l’article controversé. Ainsi, la rédaction du journal ‘’L’investisseur’’ vous propose de lire ce droit de réponse et partage ses appréciations sur la situation qui prévaut à cause des activités de la SBIN.
MTN et Moov Africa « vont en souffrir mais ne peuvent rien faire »
La volonté du gouvernement béninois d’augmenter la couverture des réseaux télécom du pays tout en dessinant un cadre réglementaire qui doit permettre au nouvel opérateur public, la SBIN, de rebattre les cartes du marché n’agrée apparemment pas les acteurs MTN et Moov Africa qui, contre mauvaise fortune font bon cœur. C’est ce qu’on peut retenir, entre autres des éléments d’enquête rendus publics par ‘’Jeune Afrique’’. « Non seulement, la SBIN a, parmi les opérateurs, le monopole sur l’exploitation de la fibre optique, mais elle pourra bientôt bénéficier de nos investissements », aurait déploré l’un de leurs représentants, selon les propos rapportés par ‘’Jeune Afrique’’.
Des stratégies pour retarder le Bénin et déstabiliser l’Arcep ?
Selon les informations publiées par ‘’Jeune Afrique’’, la SBIN attend le retour des opérateurs pour véritablement lancer les négociations. « Les accords d’itinérance se feront sous la forme de contrats de droit privé. Ils seront soumis ensuite au régulateur, qui fixera un prix plafond et un plancher. Tout cela ne sera probablement pas bouclé avant la fin de l’année », a précisé une source proche de l’opérateur public, selon le média hexagonal. MTN et Moov Africa ont en effet demandé un délai de neuf mois pour mettre en place ces accords. L’ensemble du processus devrait prochainement être encadré par une note du régulateur, a renseigné le média basé en France et se consacrant à l’actualité en Afrique.
Luc TOSSOU
Suite à la publication de l’article, le secrétaire exécutif de l’ARCEP, Hervé C. GUEDEGBE, nous a fait parvenir ce droit de réponse
Contrairement aux déclarations parues dans Jeune Afrique, la mise en place des lignes directrices sur l’itinérance n’est pas une pression faite sur MTN et Moov au profit de la SBIN. Cette décision était contenue dans le code du numérique adopté le 2 avril 2018, et le décret du 28 août 2019 précisant les règles relatives à l’accès et à l’interconnexion des réseaux de communications électroniques. Ledit décret précise qu’une décision de l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep) fixe les lignes directrices en matière d’itinérance nationale. L’Arcep a finalisé une étude sur sa mise en œuvre qui a fait l’objet d’appel à commentaires auprès des opérateurs, en attendant son adoption par le régulateur. Il ne s’agit pas d’une évolution de la règle du jeu mais de la définition de la règle qui permettra à tous les opérateurs de fournir ou d’acheter des services d’itinérance. Ces principes ne sont défavorables à aucun d’entre eux. Au regard des niveaux de couverture et de la structuration actuelle du marché des communications électroniques, tous ont un potentiel de fourniture de service d’itinérance mais également un besoin d’acheter ces dits services. En ce qui concerne le partage d’infrastructures, il s’agit d’un principe consacré par le code du numérique et applicable depuis plusieurs décennies par tous les opérateurs (FAI, Mobile, Fixe). Même les déploiements des réseaux de MTN et Moov l’ont été à l’entrée avec le partage des infrastructures passives de l’ex-Bénin Télécoms SA. Ce partage est mis en œuvre à travers des catalogues d’offres validés par le régulateur.