L’encours de la dette publique du Bénin est ressorti à 5438,7 milliards FCFA fin juin 2022 contre 4.825,63 milliards FCFA fin juin 2021, soit une augmentation de 12,7%, plus 613 milliards FCFA, en glissement annuel, selon les données officielles publiées par la Caisse autonome d’amortissement (CAA). La Rédaction de ‘’L’investisseur’’ s’est approché de l’économiste béninois, directeur général du think tank ‘’L’Afrique des idées’’, Jed Sophonie Koboudé, en vue de recueillir son analyse.
Luc TOSSOU
L’appréciation de la dette publique d’un Etat se fait selon des théories diverses, selon les experts qui s’y penchent. « Il y a des économistes qui analysent la question de la dette publique en se basant sur des normes, par exemple la norme communautaire de l’Uemoa ; il y en a qui tiennent plutôt compte du rapport entre la dette publique et les investissements consentis, de la croissance économique, etc », a expliqué l’économiste béninois. Se basant sur ces faits, Jed Sophonie Koboudé renseigne que l’appréciation de la dette publique d’un pays peut ainsi varier en fonction du facteur d’analyse.
« Le Bénin est dans une bonne dynamique »
La structure de la dette publique béninoise répond aux aspirations du développement selon les commentaires effectués par Jed Sophonie Koboudé. Selon son analyse, « le Bénin est dans une bonne dynamique ». Des explications fournies par l’économiste béninois, une bonne partie de la dette extérieure du Bénin a été contractée dans des devises étrangères notamment l’euro. Ce qui met le Bénin à l’abri d’une possible fluctuation liée au taux de change car le franc CFA étant arrimé à l’euro par parité fixe. Ce qui a poussé le directeur général du think tank ‘’L’Afrique des idées’’ à confier : « Le Bénin emprunte avec modération et adopte une bonne stratégie d’endettement avec modération ». En effet, selon la structure de l’économie réelle et la croissance économique publiée par le trésor public en juillet 2022, « le Bénin gère sa dette publique de façon dynamique avec l’objectif d’en allonger la maturité et d’en diminuer le coût, pratiquant en continu des opérations de reprofilage et d’arbitrage qui tendent à privilégier la dette externe longue en substitution à de la dette interne courte et chère ». Ce qui cadre parfaitement avec l’analyse de l’économiste Jed Koboudé.
Financer les entreprises pour accroître les ressources publiques
La contribution des entreprises à l’allègement de la dette publique par le biais de l’accroissement des recettes publiques a été abordée au cours des échanges avec Jed Koboudé. « Les entreprises peuvent valablement contribuer à l’accroissement des recettes publiques quand elles croissent aussi et génèrent plus de bénéfices. Il faut donc travailler à les financer. Au Bénin, le crédit intérieur fourni au secteur privé représente seulement 17% du PIB. Sous d’autres cieux, ce chiffre est d’environ 100%. Il faut donc accroître les financements à l’endroit des entreprises qui vont accroître leurs bénéfices et ainsi accroitre leur contribution à la mobilisation des recettes publiques », a-t-il confié.
Dans le même ordre d’idées, l’économiste béninois explique qu’il faut aussi réduire davantage les difficultés liées aux investissements au Bénin. « Il y a beaucoup de réformes opérées pour faciliter la tâche aux investisseurs au Bénin. Mais il faut aller plus loin. Il faut travailler à créer davantage de conditions favorables pour attirer encore plus d’investisseurs. Le think tank ‘’L’Afrique des idées’’ a fait des propositions dans ce sens au ministre d’Etat en charge des Finances, Romuald Wadagni. Parmi les propositions que nous avons faites pour améliorer l’environnement des investissements au Bénin figure la réforme du Code général des impôts pour passer de 269 pages à 100 pages comme en Suisse et dans d’autres pays. Ceci en vue de simplifier le cadre pour les investisseurs ».
Pour finir, Jed Koboudé a expliqué que l’Etat béninois doit assurer davantage son rôle régalien et accentuer encore la libéralisation de l’environnement des affaires pour que les entreprises se sentent davantage à leur aise.