(Le commerce intra-Uemoa fragilisé, les importations densifiées)
Les sanctions de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) contre le Niger n’en finissent pas d’avoir des impacts. Des sorts divers autant pour les africains que pour les européens.
Nafiou OGOUCHOLA
La fermeture de la frontière du Bénin avec le Niger handicape l’exportation de l’oignon par le Niger vers les autres pays d’Afrique de l’ouest. En effet, le Niger est le premier exportateur ouest-africain et le second à l’échelle continentale. En 2021, le pays de Mohammed Bazoum a exporté des oignons à hauteur de 21,4 milliards FCFA. Ainsi donc, l’oignon est le premier produit agricole exporté et la 4ème marchandise expédiée à l’international derrière les produits pétroliers, l’uranium et l’or. Grâce à sa variété « Violet de Galmi », le Niger est un gros exportateur vers le Bénin, le Nigéria, le Burkina Faso, le Togo ainsi que vers le Ghana et la Côte d’Ivoire.
Les oignons importés des Pays-Bas ont le vent en poupe
La difficulté d’exportation des oignons nigériens donne un coup de fouet à l’importation depuis les Pays-Bas, en Europe. Ainsi donc, pendant que les Etats d’Afrique de l’ouest se privent de l’oignon produit au Niger, ils sont contraints de s’approvisionner ou d’augmenter leurs importations depuis les Pays-Bas. En Afrique de l’Ouest, l’oignon est un produit horticole dont la consommation est en hausse depuis le début des années 2000. Avec la demande croissante en milieu urbain et rural, les investissements se sont renforcés dans la production et l’exportation du bulbe. En 2021, les pays de l’Union économique monétaire ouest-africaine ont exporté pour 30 milliards FCFA en valeur FOB (franco à bord) d’oignons.
Après le Niger, le Sénégal est le second pays qui exporte le plus son oignon dans l’Uemoa avec des recettes de 7,5 milliards FCFA. Le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire sont les deux autres fournisseurs de la région avec chacun 500 millions FCFA engrangés via l’exportation sur le marché mondial.
L’ONU réclame un soutien international continu aux migrants, réfugiés et demandeurs d’asile
Quatre semaines après la prise de pouvoir par des militaires au Niger, deux agences humanitaires de l’ONU ont plaidé pour une aide internationale continue aux populations vulnérables déplacées à l’intérieur du Niger, aux travailleurs migrants, aux réfugiés et aux demandeurs d’asile.
Alors que la situation dans le pays continue d’évoluer, la fermeture des frontières aériennes et terrestres aggrave considérablement la crise humanitaire dans le pays, affectant considérablement les groupes les plus vulnérables, en particulier les travailleurs migrants bloqués, les membres de leurs familles, les enfants migrants non accompagnés, les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays, et les communautés d’accueil, notent l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) dans un communiqué conjoint publié mercredi.
La pénurie croissante de biens essentiels et de liquidités, qui a de graves répercussions sur les activités économiques, risque d’aggraver la situation humanitaire déjà désastreuse et d’exacerber les risques de protection auxquels sont confrontées les populations les plus vulnérables, notamment la violence sexiste, les problèmes de protection des enfants, ainsi que l’augmentation des tensions entre les communautés qui rivalisent pour des ressources déjà rares.
Faire face à la crise humanitaire
Selon l’OIM et le HCR, il est impératif de garantir des mesures à la fois immédiates et durables pour continuer à faire face à la crise humanitaire dans le pays. « La situation humanitaire au Niger exige un engagement mondial soutenu, en particulier face aux défis persistants. L’OIM et le HCR soulignent l’importance d’un soutien et d’un financement internationaux continus pour répondre aux besoins urgents des personnes vulnérables, y compris les migrants. Alors que nous traversons ces circonstances complexes, il est essentiel que les parties prenantes et les acteurs humanitaires travaillent ensemble pour assurer le bien-être et la protection des populations vulnérables », a déclaré Paola Pace, cheffe de mission par intérim de l’OIM au Niger.
Le Niger partage plus de 5.700 kilomètres de frontières avec le Burkina Faso, le Mali, l’Algérie, la Libye, le Tchad, le Bénin et le Nigéria. Il se situe sur des routes migratoires complexes et est touché par la violence qui s’étend du Burkina Faso, du Mali et du Nigeria voisins, entraînant le déplacement de centaines de milliers d’individus. En outre, de nombreux migrants en route vers l’Afrique du Nord ou en revenant ainsi que des réfugiés se retrouvent bloqués dans le désert, et certains sont exploités par des réseaux de trafiquants, nécessitant d’urgence une aide humanitaire.
Le Niger accueille actuellement plus de 700.000 personnes déplacées, dont des réfugiés, des demandeurs d’asile et des personnes déplacées à l’intérieur du pays. Environ 5.000 migrants bloqués attendent une aide au retour volontaire dans leur pays d’origine dans les centres de l’OIM situés le long des routes migratoires, tandis que 2.000 autres attendent de l’aide en dehors des centres. De plus, au cours de la seule semaine du 8 au 14 août, le HCR a enregistré plus de 2.000 réfugiés et demandeurs d’asile arrivés dans le pays.
Soutien indéfectible
« En ces temps difficiles pour le Niger, la population nigérienne et les communautés d’accueil ont davantage besoin de la solidarité mondiale. Le pays traverse un moment critique de son histoire, tandis que l’instabilité persistante dans la sous-région perpétue les migrations, y compris les déplacements. L’OIM et le HCR, grâce au soutien de la communauté internationale, intensifieront leurs efforts communs pour apporter assistance et aider le Niger à faire face à cette situation multiforme. Les risques en matière de protection pendant cette crise pourraient être exacerbés et il est essentiel que nous poursuivions nos efforts humanitaires et de résilience », a déclaré Emmanuel Gignac, Représentant du HCR au Niger.
Malgré la difficile crise politique actuelle, l’OIM et le HCR s’engagent à apporter un soutien indéfectible pour garantir que l’acheminement de l’aide humanitaire parvienne à ceux qui en ont le plus besoin.
Des militaires ont pris le pouvoir le 26 juillet, séquestrant le Président élu démocratiquement, Mohamed Bazoum. Depuis cette prise de pouvoir, l’ONU soutient les efforts de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Oues) pour trouver une issue pacifique à cette crise politique.
Poursuivant ses efforts de bons offices, le Représentant spécial du Secrétaire général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, Leonardo Santos Simão, s’est rendu à Niamey le vendredi 18 et samedi 19 août.
Le Représentant spécial a encouragé ses interlocuteurs nigériens à tout mettre en œuvre pour favoriser une résolution pacifique de la crise, et un retour à l’ordre constitutionnel, dans l’intérêt du Niger et de toute la sous-région, a précisé le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWA) dans un communiqué de presse.
M. Simão a souligné l’impact de cette crise sur les vies humaines, et a demandé au Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) de prendre les mesures nécessaires pour faciliter l’acheminement et l’accès de l’assistance humanitaire fournie par le système des Nations Unies et les autres agences humanitaires aux populations vulnérables au Niger.