L’édification d’une société forte et prospère passe par la mise en place de quelques règles auxquelles sont astreintes les populations. Au Bénin, les prostituées, proxénètes et promoteurs de maisons de tolérance sont dans le viseur du préfet du Littoral Alain Orounla. Au moment où ses descentes défraient la chronique béninoise, il convient de s’appesantir sur ce que pourrait rapporter ce secteur d’activités au Trésor public, comme c’est le cas sous certains cieux. Car le plus vieux métier du monde n’est pas prêt de connaitre son épilogue. Mais il rapporte des pactoles ailleurs.
L’encadrement du secteur de la prostitution rapporte des sommes colossales pour plusieurs économies occidentales. Selon l’étude Prostcost publiée en mai 2015, réalisée par le Mouvement du Nid, qui vient en aide aux prostitués, et la société Psytel, le coût de la prostitution pour la société française est évalué à 1,6 milliard d’euros soit environ 1051 milliards FCFA. Mais en se basant sur les gains mensuels supposés, le Mouvement du Nid et Pystel avaient abouti au chiffre de 3,2 milliards d’euros soit environ 2102 milliards FCFA. Au total, 37 000 personnes seraient prostituées en France, en 2015, dont la grande majorité (62%) officierait sur internet.
Une bagatelle échappe au fisc et à l’économie béninoise
Les recettes issues de la prostitution ne participent pas totalement au fonctionnement de l’économie béninoise. Une bonne partie des prostituées au Bénin est constituée d’étrangères. Ainsi donc, au fur et à mesure qu’elles font des recettes, ces dernières sont envoyées dans leurs pays d’origine notamment le Togo, le Ghana, le Nigéria et autres. « L’argent des clients de la prostitution est en bonne partie soustrait au circuit de l’économie classique » et notamment envoyé à l’étranger » avait renseigné l’étude Prostcost sur la prostitution en France en 2015. Cette dernière soutient que environ 853 millions d’euros soit plus de 560 milliards FCFA échappent ainsi au fisc.Elles travaillent donc au Bénin pour construire leurs pays. Même s’il est évident que ces femmes qui se livrent à cette activité font bien en investissant leurs gains dans leurs pays d’origine, il n’en demeure pas moins vrai que le fisc béninois ne devrait pas s’en sortir sans le moindre petit kopek. Pour ce faire, des stratagèmes doivent être ourdis par les pouvoirs compétents pour encadrer ce secteur d’activités. Car même si on peut être tenté de jeter la pierre sur les prostituées il n’en demeure pas moins évident que ce sont des hommes qui les fréquentent.
Les mesures d’encadrement en France et en Allemagne
La justice allemande a estimé, en 2013, que les personnes exerçant de manière indépendante la prostitution devaient payer une taxe professionnelle. La Cour fédérale des finances, située à Munich, a en effet estimé que les travailleurs du sexe indépendants, c’est à dire non-salariés pour cette activité, devaient payer une taxe professionnelle. Déjà en 2001, le Parlement allemand avait adopté une loi légitimant la prostitution, ce qui a ouvert aux personnes se livrant à cette activité le droit à une couverture sociale et à signer des contrats de travail.
En France, la prostitution est imposable. En tant que travailleuses indépendantes, les prostituées paient donc l’impôt sur le revenu (régime des bénéfices non commerciaux), la taxe professionnelle et l’Urssaf, et sont assujetties à la TVA. A noter que la prostitution n’est pas interdite en France : c’est le racolage et le proxénétisme qui le sont. La France, qui compterait en 2015 environ 20 000 prostituées, contre 400 000 en Allemagne, dispose de la législation la plus répressive d’Europe. Une prostituée déclarée rapportait annuellement entre 100 000 et 150 000 euros net d’impôts à la France.
Les mesures d’encadrement nécessaires au Bénin
La législation de la prostitution pourrait s’accompagner de plusieurs dispositions qui permettraient de sécuriser autant les travailleuses que leurs clients. Tout d’abord, les travailleuses du sexe pourraient avoir une sécurité sociale et épargner au Bénin. Avec l’assurance de ce qu’elles pourront disposer de leurs épargnes au moment opportun, elles n’hésiteront pas entrer dans les rangs de la légalité. Or qui dit légal dit impôt et taxe.
Ensuite, les prostituées pourraient être amenées à subir des examens médicaux avant d’avoir une autorisation d’exercer. Prenant en exemple la pandémie de la Covid-19, peut-on aujourd’hui évaluer le nombre de prostituées vaccinées ou ayant servies de canal de transmission à la pandémie ?
Enfin, la législation pourrait permettre d’encadrer la prostitution en ligne comme activité secondaire. En laissant le soin aux autorités compétentes d’ourdir des stratégies pour ce faire, il convient quand même de notifier que d’autres formes de prostitution apparaissent dans la société béninoise. Handicapant le développement social car ayant des répercussions sur des générations entières.
Hervé CHABI