Les ressortissants de la CEDEAO au Niger seront-ils en sécurité ?
L’intervention militaire préconisée par la Communauté économique des Etats de l’Afrique (CEDEAO) peut conduire le Niger dans un bourbier similaire à celui de la Lybie. Tout d’abord, les populations nigériennes semblent favorables aux putschistes conduits par le général Tiani. Ce qui expose les soldats qui seront déployés par la CEDEAO à la désapprobation de leur présence au Niger. Ainsi donc, ces populations dont certaines semblent être bien préparées, pourraient-elles manifester leur mécontentement envers les militaires des pays de la CEDEAO. Et un affrontement entre les populations civiles nigériennes et les militaires des Etats de la CEDEAO ne donnera rien de positif pour chacune des parties en conflit.
Ensuite, l’intervention militaire au Niger opposer les soldats nigériens à ceux des Etats de la CEDEAO. Il y aura donc des morts dans chaque camp. Les effectifs de l’armée nigérienne sont estimés à environ 30.000 hommes, dont 11.000 déployés sur le théâtre d’opération, disait le président Bazoum en 2022. Le spectacle des militaires des pays frontaliers et amis qui vont se tirer dessus va briser la fraternité qui existe entre les populations civiles des Etats de la CEDEAO. Mieux, les ressortissants des Etats de la CEDEAO qui vivent au Niger seront-ils en sécurité après l’intervention militaire de la CEDEAO ? Peut-être. Mais, à coup sûr, ils ne pourront plus être vus de la même manière. Une fracture sociale est en train de s’opérer dans la sous-région ouest-africaine. Le peu de solidarité qui unit encore les citoyens des Etats de la CEDEAO est sur le point d’être rompu.
Enfin, si on suppose que l’intervention de la CEDEAO se solde par une réussite, quelle sera la suite ? Les militaires vont-ils réinstaller Mohammed Bazoum et se retirer ? Vont-ils constituer la garde républicaine et le protéger ? Ou vont-ils dissoudre l’armée nigérienne ? Au regard des nombreuses interrogations qui taraudent encore les esprits avertis, il est clair que cette intervention militaire peut créer plus de problèmes qu’elle n’est censée résoudre. Autant au Niger qu’aux Etats de la CEDEAO.
Les chefs d’Etat-major se réunissent les 17 et 18 août au Ghana
Les chefs d’état-major de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’ouest (Cedeao) se réuniront jeudi 17 et vendredi 18 août au Ghana pour évoquer une possible intervention militaire au Niger. Cette réunion qui devait initialement se tenir samedi avait été repoussée. Elle aura finalement lieu une semaine après la décision prise par les dirigeants de la Cedeao de déployer la « force en attente » de l’organisation pour rétablir dans ses fonctions Mohamed Bazoum, le président du Niger renversé par un coup d’Etat militaire le 26 juillet.
Menaces de poursuite pour « haute trahison »
Après avoir refusé plusieurs médiations de la Cedeao, le régime militaire nigérien a accueilli samedi 12 août 2023 une délégation de chefs religieux nigérians. A la suite de cette rencontre, le premier ministre nommé par les militaires, Ali Mahaman Lamine Zeine, a mis en avant « un grand intérêt » du Niger à « préserver » une « relation importante et historique » avec le Nigeria et la Cedeao. Mais le régime souffle le chaud et le froid, annonçant désormais vouloir « poursuivre » le président déchu Mohamed Bazoum pour « haute trahison ». Une démarche qui, pour la Cedeao, « constitue une nouvelle forme de provocation et contredit la volonté prêtée aux autorités militaires de la République du Niger de rétablir l’ordre constitutionnel par des moyens pacifiques ».
Nafiou OGOUCHOLA