(Environ deux semaines d’intenses activités pour acquérir des outils efficaces contre les changements climatiques)
Les effets des changements climatiques constituent de sérieux handicaps au développement des nations. Pour pallier cet état de choses, l’Autorité du Bassin du Niger (ABN) a initié le Programme intégré de développement et d’adaptation au changement climatique dans le bassin du Niger (PIDACC/BN) afin de voler au secours des populations issues des zones situées dans le Bassin du Niger. Pour optimiser les résultats des activités sur le terrain, l’ABN procède à la formation des formateurs issus des pays qui ont le Bassin du fleuve Niger en partage.
Nafiou OGOUCHOLA
Le Sun Beach Hôtel de Cotonou abrite les travaux entrant dans le cadre de la formation d’environ 60 formateurs venant des neufs Etats qui ont en commun le Bassin du fleuve Niger notamment Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Mali, Niger, Nigeria et Tchad. Du lundi 25 juillet au samedi 05 août 2022, les coordinateurs, techniciens et cadres à divers niveaux intervenants dans les sous-projets du PIDACC/BN seront outillés sur trois modules. Le premier module est intitulé ‘’Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) et changement climatique’’. Le deuxième ‘’Analyse de la vulnérabilité au changement climatique des activités agrosylvopastorales, fauniques, halieutiques et minières dans le Bassin du Niger et les options d’adaptation’’. Quant au troisième module, il sera axé autour du thème ‘’Approche de restauration des terres, des berges et des paysages forestiers dégradés.
Hier, mardi 26 juillet 2022, les travaux entrant dans le cadre du module 1 ont effectivement démarré pour une durée de six jours. A la fin de ce premier module, les participants seront répartis dans deux ateliers axés sur le deuxième et le troisième module qui vont se dérouler parallèlement. Au total ces trois ateliers se dérouleront sur deux semaines environ. Suite à ces ateliers, ce sera le tour d’un autre atelier transversal cette fois-ci de renforcement des capacités sur le genre qui aura lieu du 15 au 19 août 2022.
Lors des travaux de cet atelier, le coordonnateur régional du PIDACC/BN, Seyni Seidoua renseigné sur les motivations qui sont celles de cet ambitieux programme. «Ce programme a pour objectif de développer des mesures de résilience des écosystèmes et des populations par rapport aux changements climatiques. Cela veut dire que le programme va développer des actions et des activités pour amener les populations à s’adapter aux changements climatiques pour mieux produire. Développer les systèmes d’amélioration, de valorisation des terres pour mieux produire, développer une forme d’agriculture intelligente qui s’adapte facilement au climat. Ceci, pour que, malgré les vicissitudes et aléas des changements climatiques, les populations puissent avoir de bons résultats pour contribuer au développement et combattre la pauvreté », a-t-il expliqué.
Le PIDACC/BN est un programme d’une durée de six ans. Elle a trois composantes notamment la résilience des écosystèmes, la résilience des populations et la gestion et coordination du programme
Quelques propos recueillis
Seyni Seidou, coordonnateur régional PIDACC/BN
« Mettre en œuvre un certain nombre d’activités très importantes pour les neuf pays membres »

« C’est un projet multinational et multi-bailleur. Il intervient au niveau des neuf Etats de l’Autorité du bassin du Niger. Il est financé par plusieurs bailleurs avec comme chef de file la Banque africaine de développement et d’autres notamment l’Union européenne, le Fonds africain de développement, le Fonds vert pour le climat, le Fonds mondial pour l’environnement, la coopération financière allemande à travers la KfW, les Etats membres ainsi que les bénéficiaires.
C’est un programme qui fait à peu près 132 milliards FCFA et réparti entre les neuf Etats membres de l’ABN. Au niveau de chaque pays, il y a une représentation qu’on appelle composante nationale. Et au niveau régional, il y a une composante qui supervise l’ensemble des actions menées au niveau de chacun des pays.
Mettre en œuvre un certain nombre d’activités très importantes pour les neuf pays membres. Organiser des ateliers de formation en matière de vulnérabilité aux changements climatiques, en matière de gestion intégrée des ressources en eau face aux changements climatiques, en matière de restauration des terres dégradées pour améliorer les productions agrosilvopastorales et aussi en matière de développement du genre pour voir comment prendre en compte les groupes vulnérables dans la répartition des ressources qui seront issues du projet ».
Mahamt Tidjani Djimet, Ingénieur d’Etat en hydraulique et coordonnateur PIDACC/BN composante Tchad
« Nous sommes à Cotonou pour enrichir nos connaissances afin de les transmettre à nos populations »

« En ce qui concerne le Tchad, nous intervenons dans deux provinces notamment Mayo-Kebbi Est et Mayo-Kebbi Ouest. Dans ces provinces nous avons sept départements du Mayo-Kebbi Ouest et deux départements du Mayo-Kebbi Est. Nous avons en projets la réalisation d’ouvrages tels que des micros barrage, des stations pastorales et autres, dont les études démarreront bientôt. Avant cela, nous avons des sous-projets portés par la communauté. Leur mise en œuvre a démarré depuis quelques mois. Il y a plein de populations qui demandent à être prises en compte par ce projet. Il y a un grand engouement dans le cadre de ces sous-projets.
Nous sommes arrivés à Cotonou dans le cadre de la formation des formateurs avec quelques techniciens des différents services du PIDAAC et des ministères en charge de l’hydraulique, de l’agriculture et de l’environnement. Nous sommes à Cotonou pour enrichir nos connaissances afin de les transmettre à nos populations au niveau de notre zone d’intervention à notre retour. Ceci afin qu’elles soient mieux outillés et performantes lors des activités sur le terrain. La formation vient de commencer. Tout se passe bien. J’espère que ça va finir comme ça ».
Mintyene Briand Jhon, Coordonnateur PIDACC/BN composante Cameroun
« Les thèmes que nous abordons lors de ce séminaire cadrent parfaitement avec les attentes sur le terrain »

« Au Cameroun, nous intervenons dans deux régions qui sont composées de cinq départements. Il y a les régions du Nord et de l’extrême Nord. Dans la région du Nord, nous avons quatre départements et un seul dans l’extrême Nord. Pour nous au Cameroun, nous avons accusé un retard par rapport aux autres pays. Ce qui nous cause un préjudice actuellement car de façon pratique et pragmatique, la visibilité tant attendue n’est pas encore une réalité. Parce qu’à ce jour nous n’avons réalisé que quatre projets dans la région du Nord principalement dans le département de Bénoué dans trois arrondissements. Et nous avons implémentés quatre sous-projets qui sont financés par le Fonds mondial pour l’environnement.
A la fin de cet atelier de formation, nous voulons rentrer avec un bagage, un package pour que nous puissions les partager avec nos populations. Les thèmes que nous abordons lors de ce séminaire cadrent parfaitement avec les attentes sur le terrain. Nous sommes convaincus qu’au terme de cet atelier, nous rentrerons chez nous avec un plus qui va permettre que le PIDAAC puisse avancer véritablement auprès de nos populations ».
Siaka Oumarou, Coordonnateur national PIDACC/BN composante Niger
« Nous avons déjà commencé à mettre en œuvre certaines activités »

« Au Niger le PIDACC intervient pratiquement dans quatre régions notamment Dosso, Niamey, Tilabéri et Tahoua dans pratiquement 21 départements et une cinquantaine de communes. Nous avons déjà commencé à mettre en œuvre certaines activités de récupération des terres et de fixation des dunes de réaliser des études pour la réalisation d’ouvrages hydrauliques et de façon générale des ouvrages de mobilisation de l’eau ».
Kouassi Kouadio Martin, coordonnateur national PIDACC/BN composante Côte d’ivoire
« Partager des expériences et acquérir de nouvelles connaissances »

« En Côte d’ivoire on a la zone d’Odiéné qui est couverte par le bassin du Niger, donc nous exécutons le projet dans cette zone. Le programme a sa stratégie d’intervention. Les populations qui en sont bénéficiaires initient des idées de projets que nous mettons en forme pour les financer. Donc nous exécutons ce projet à travers des sous-projets initiés par les populations. Nos réalisations ainsi que les impacts de notre travail sont visibles sur le terrain. Les populations souffrent vraiment des effets des changements climatiques. Et cela se traduit par la pauvreté des ménages, la désertification qui s’accentue, la disparition du couvert végétal, etc. Quand nous intervenons c’est pour essayer de restaurer ce qui est dégradé et avec des activités génératrices de revenus à l’appui pour améliorer les conditions des populations. Nous intervenons aussi dans le financement des ouvrages pour pouvoir réaliser leurs activités et améliorer leur bien-être. Donc il y a un engouement des populations qui attendent ce projet qui est un outil de développement dans le domaine rural.
Nous sommes venus à Cotonou avec des techniciens pour améliorer nos connaissances afin d’aller former les populations qui sont sur le terrain. Améliorer nos connaissances en matière d’atténuation des effets des changements climatiques. Lorsque vous avez la même vision et vous partagez la même stratégie d’intervention avec des collègues des autres pays, lorsque vous vous retrouvez, c’est d’abord une grande joie de renforcer la coopération. Donc les expériences que nous partageons par le biais de nos échanges constituent le premier aspect. Et le second aspect est constitué par les connaissances nouvelles que nous venons acquérir. On a des spécialistes qui nous forment et nous donnent les meilleures orientations ».
Fatimata Flore SIRI/IRA, PIDACC/BN composante Burkina Faso
« Cela va tous nous aider à réussir notre mission qui est de sauver le fleuve Niger et ses ressources naturelles »

« Nous avons six régions dans la portion nationale du Bassin du Niger notamment le Centre-Est, l’Est, le Plateau central, le Sahel, le Haut-Bassin et le Centre-Nord. Le PIDAAC repose sur une approche participative et inclusive. Toutes les actions sont menées avec et par les populations. Sur le terrain, il y a eu plusieurs réalisations à travers des travaux communautaires. Les populations ont elles-mêmes identifié leurs besoins et ont été assistées par les services techniques qui nous accompagnent pour mettre en œuvre leurs projets. Au niveau du Sahel, nous avons pu fixer environ 126 hectares de dunes. Au niveau de cette zone et du Centre-Nord, nous avons pu récupérer près de 70 hectares par les populations, etc. Nous avons également au niveau du Centre-Ouest et du Centre-Est pu mettre en terre plus de 190.000 plants.
Cette formation va nous apporter un plus car nous sommes outillés pour apporter un plus aux populations en les aidant à savoir quels sont les facteurs de vulnérabilité et les accompagner pour définir ensemble les mesures d’adaptation et d’atténuation pour faire face au phénomène des changements climatiques. Nous allons former des formateurs qui formeront les populations à leur tour. Au sein de ces populations, il y aura aussi des formateurs. Cela va tous nous aider à réussir notre mission qui est de sauver le fleuve Niger et ses ressources naturelles ».
Cheickna Diarra, Coordonnateur national par intérim PIDACC/BN composante Mali
« Nous sommes en train de mettre l’accent sur la valeur ajoutée sur les produits »

« Le PIDAAC/BN intervient dans six régions, 66 communes et sur 293 sites. Les régions concernées sont Koulikoro, Sikasso, Séko, Mopti, Gao et Tombouctou. Au Mali, nous avons réalisé la restauration de 377 hectares de Bougou dans la région de Mopti. C’est réalisé grâce aux fonds FEM. Au cours de ce projet, nous avons aussi bénéficié de l’appui de l’Union africaine (UA) où nous sommes en train de faire des champs-écoles et nous avons distribué de 60 tonnes de blé et 48.750 kilogrammes de semences de maïs et 200.000 alevins. Nous sommes en train de mettre l’accent sur la valeur ajoutée sur les produits. Ce qui intéresse beaucoup les populations. Aussi, nous avons la fixation des dunes où les communautés ont commencé par fixer des dunes par plantations et par assainissement dans 30 sites dans la région de Tombouctou et 25 sites dans la zone de Gao ».