(L’administration des mairies par des SE et autres cadres en ligne de mire)
Les citoyens béninois étaient appelés aux urnes, le dimanche 08 janvier 2023 afin d’exprimer leurs suffrages dans le cadre des élections législatives. A la fermeture des centres de vote, le parti de l’opposition ‘’Les Démocrates’’ s’est retrouvé avec la préférence d’une bonne partie des électeurs. En attendant l’annonce des résultats par les instances officielles, il convient de s’appesantir sur les raisons qui justifient la débâcle des partis de la mouvance présidentielle.
Nafiou OGOUCHOLA
Le vote sanction intervenu le dimanche 08 janvier 2023 trouve sa justification dans la volonté des citoyens ayant exprimé leurs suffrages de montrer leur mécontentement face aux réformes opérées par le gouvernement du président Talon. Au nombre de celles-ci, quelques-unes sont principalement pointées du doigt par les électeurs. Tout d’abord, les électeurs ont exprimé leur désaccord face aux réformes de l’administration des mairies. En effet, une bonne partie des citoyens béninois qui ont voté pour l’opposition n’ont pas vu d’un bon œil que leurs frères élus locaux, notamment les maires, puissent être dépossédés de leurs autorités aussi facilement au profit de cadres qui non seulement ne sont pas issus de leurs localités ni n’ont été élus pas eux mais aussi et surtout qui n’ont pas les expériences requises, pour une bonne partie, pour faire fonctionner une administration municipale ou communale. « Il ne suffit pas d’un master en gestion pour administrer une mairie. Il faut connaître le territoire, les populations et les habitudes des uns et des autres. Une mairie ne se dirige pas comme une entreprise privée ou publique. Loin de là. C’est le haut lieu de la politique au niveau municipal ou communal. On peut mettre des Secrétaires exécutifs et autres pour aider les maires. Mais faire des SE des ordonnateurs de budget, c’est difficile à accepter même pour les maires qui ne peuvent malheureusement pas parler », explique Aristide Anagonou, maître coiffeur à Tokpota à Porto-Novo.
Mieux, les élus communaux connaissent mieux les électeurs et sont redevables envers eux. Et pour cause, ils sont tenus, une fois élus, de matérialiser les promesses électorales. Or, ce sont ces promesses-là qui constituent les véritables attentes des populations. Mais désormais, les élus locaux doivent composer avec les SE qui, souvent, ne voient pas les choses de la même manière qu’eux. « Nos élus locaux nous avaient promis de réfectionner certaines de nos routes en priorité. Mais avec l’avènement des Secrétaires exécutifs, ils nous disent désormais qu’ils font leur possible pour que ces projets soient validés. C’est mieux de nous demander d’élire les SE. Comme ça nos élus locaux ne seront plus des entremetteurs », a fait savoir Jeanne Annani, revendeuse à Dantokpa.
Abondance de taxes dans le secteur des véhicules d’occasion
Les opérateurs économiques officiant dans le secteur des véhicules d’occasion soutiennent avoir perçus une recrudescence de taxes dans le secteur depuis quelques années. Comme corolaire, des milliers d’emplois ont été perdus depuis quelques années. Ce qui semble encore précis dans le cœur des parents, proches et amis de ces travailleurs qui se sont progressivement retrouvés au chômage depuis quelques années. « Nous n’avons pratiquement rien pu dire ou faire pour nous faire entendre. C’est pour cela que nous avons voté conbtre les partis politiques qui ont soutenu les actions du gouvernement. Nous ne disons pas que toutes les réformes sont mauvaises. Mais nous aurions voulu que le père de la nation, que nous avons élu, puisse penser un peu à nous. Le social semble venu un peu tard. Nous avons déjà perdu nos jobs. A quoi nous servira le social aujourd’hui ? Certes, il y a d’ »autres à qui cela profite aujourd’hui mais nous, nous n’avions que les parcs pour entretenir nos familles et aujourd’hui, nous sous cherchons ailleurs. Je ne peux pas vous dire combien d’entre nous sont déjà morts. Quand vous perdez l’emploi que vous exercez depuis 20 ans, 15 ans, 10 ans, c’est très difficile d’opérer une reconversion », a confié Ernest Mèdagbé, gérant d’une épicerie à Cotonou, ancien travailleur au parc de véhicules d’occasions à Sèmè-Podji.
Gestion de la commercialisation du soja, anacarde, karité
La gestion faite de la commercialisation des productions de soja, karité et noix d’anacarde au Bénin depuis quelques années ne semble pas séduire les producteurs. Même si le gouvernement a dû faire un rocambolesque rétropédalage pour libéraliser la vente du soja pour le compte de cette saison, il est évident que la pilule peine à passer puisque la taxe à l’exportation ne faciliterait pas la tâche aux producteurs, selon quelques dires. De même, la commercialisation de noix d’anacarde et de karité est aussi sujette à des mécontentements au niveau des producteurs, commerçants et travailleurs connexes.
Gestion des aspirants dans l’enseignement maternel, primaire et secondaire
La mise en place de l’aspiranat constitue aussi un motif d’insatisfaction des électeurs ayant exprimé leurs suffrages le dimanche 08 janvier 2023. Quand on sait que les enseignants aspirants constituent des dizaines de milliers d’électeurs, ajoutés à leurs proches, parents et amis qui les soutiennent, une bonne partie constitue un véritable poids électoral qui a soutenu l’opposition.