L’armée russe a bombardé, le samedi 23 juillet 2022, le port d’Odesa rendant caduc l’accord conclu la veille entre l’Ukraine et la Russie prévoyant des couloirs sécurisés pour exporter par la mer Noire 20 à 25 millions de tonnes de céréales ukrainiennes. Or, les Etats africains comptaient sur ces céréales pour souffler un peu.
Hervé CHABI
« C’est vrai qu’avec un accord, les prix auraient eu logiquement tendance à baisser. Et qu’à la suite du bombardement du port d’Odessa, le mouvement [de baisse] va être enrayé. Manifestement, ce n’est pas demain ni même après-demain que des céréales ukrainiennes vont pouvoir librement sortir des ports ukrainiens ». C’est en ces termes que le spécialiste des matières premières, Philippe Chalmin, a renseigné sur les implications du bombardement d’Odessa par rapport aux espérances du continent africain, selon les propos recueillis par Radio France internationale (RFI). Ainsi donc, les espoirs nés de la rencontre entre le président sénégalais, président en exercice de l’Union africaine (UA) et le président russe Vladimir Poutine se sont-elles estompées sous les obus de l’armée russe. Vu la tournure que prennent les événements, les Etats africains doivent résolument se mettre dans les conditions pour produire les céréales et engrais dont ils dépendent. Mais il se pose ici le problème du financement.
L’UE face au financement des productions céréalières en Afrique
L’Europe, partenaire de l’Afrique depuis plusieurs décennies, pour ne pas dire depuis toujours, se retrouve face à la nécessité de financer la production des céréales sur le continent. Partenaire commercial et stratégique de l’Afrique, elle ne peut rester insensible aux difficultés économiques que connaissent les Etats africains à cause de la guerre en Ukraine. Pour ce faire, les dirigeants africains doivent user de leurs influences et surtout parler d’une même voix afin que l’Union européenne puisse les accompagner. Toutefois, en finançant l’agriculture vivrière en Afrique, l’Europe rendra le continent moins dépendant et plus autonome. Ce qui peut ne pas faire ses affaires sur le long terme. Mais face aux exigences du moment, la pression des chefs d’Etats africains peut faire pencher la balance en leur faveur.