(Les taux débiteurs se sont repliés d’environ 205 points de base)
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) a rendu public, via son site internet, le rapport sur les conditions de banque dans l’Uemoa 2021. Ce dernier analyse l’évolution des conditions débitrices et créditrices appliquées par les banques des différentes places de l’Union. Les données sont collectées sur la base d’enquêtes mensuelles et permettent de recenser l’ensemble des nouveaux crédits octroyés par les banques ainsi que les dépôts à terme qu’elles reçoivent. A la faveur de la modernisation du dispositif, la collecte et le traitement des données ont été automatisés en 2021 et élargis aux informations sur le genre du bénéficiaire, la taille et leur secteur d’activité pour les entreprises ainsi que la localisation géographique du client.
Luc TOSSOU
L’offre de crédit bancaire a maintenu sa tendance haussière en 2021 à l’instar des années précédentes dans l’Union. En effet, le volume de crédit mis en place s’est inscrit en hausse de 9,7%, ressortant à 17.781,2 milliards en 2021, après 16.212,5 milliards en 2020. Les augmentations les plus importantes sont notées au Togo (+32,0%), au Burkina (+24,2%), au Bénin (+19,6%) et au Mali (+15,7%). Selon le motif économique, des progressions significatives ont été notées pour les crédits immobiliers (+324,9%) et d’équipement (+18,6%). En revanche, une contraction des concours destinés à la trésorerie (-19,4%), à l’exportation (-14,1%) et à la consommation (-12,9%) a été enregistrée. Au cours de l’année 2021, près de deux tiers des crédits sont destinés à la trésorerie (59%), tandis que ceux consacrés à la consommation et à l’équipement représentent respectivement 13% et 10%.
Selon la nature des bénéficiaires, l’augmentation du volume des crédits dans l’Union en 2021 a particulièrement concerné les structures et caisses de retraite (+78,3%), les sociétés d’Etat et EPIC (+72,9%), les coopératives et groupement villageois (+54,7%) et les entreprises privées (+23%). Par contre, le volume de crédit s’est contracté pour les particuliers (-13%), les entreprises individuelles (-2,8%) et la clientèle financière (-2,2%). La structure des crédits selon la catégorie de la clientèle, reste prédominée par les crédits aux entreprises privées (61,5%), en lien avec l’importance des crédits de trésorerie. Les crédits aux particuliers représentent 14,5% des montants accordés en 2021.
Trois ans de durée moyenne de crédit
La durée moyenne des crédits accordés par les banques de l’Union en 2021 est de 3 ans. Sous l’angle de la maturité selon l’objet, cette durée moyenne varie de 11 mois pour les besoins de trésorerie à environ 4 ans pour les crédits à l’immobilier. Concernant les crédits à l’immobilier, cette durée moyenne varie significativement par pays. Elle est d’environ 10 ans au Bénin, au Niger et au Sénégal, à moins de trois ans pour les autres pays. La prépondérance des crédits pour les achats de terrains (de montant et durée relativement plus faible) dans certains pays et les coûts du logement plus élevés dans certaines villes plutôt que d’autres, nécessitant ainsi des crédits à échéance plus longue pourraient expliquer ces écarts.
Avec le nouveau dispositif mis en place par la BCEAO, les concours des crédits octroyés par les banques de l’Union ont pu être ventilés en fonction du secteur institutionnel de l’agent économique bénéficiaire. Sur cette base, les sociétés non financières se sont vues attribuer la part la plus importante du volume des crédits soit 66%, suivies des ménages (24%) et des administrations publiques (7%). Les sociétés financières et institutions sans but lucratif au service des ménages se sont partagées la part résiduelle des financements (3%). Dans le segment des crédits aux ménages, 64% des concours ont été octroyés aux particuliers, suivis des entreprises individuelles avec 35% desdits concours. Le personnel de banque a bénéficié d’un pourcent (1%) des concours.
25% des crédits aux femmes et 75% aux hommes
Suivant le genre du bénéficiaire du crédit, les femmes se sont vues octroyer 25% du volume des concours distribués aux personnes physiques contre environ trois quart (75%) pour les hommes. Cette situation est en partie le reflet des disparités persistantes d’accès aux services financiers entre les femmes et les hommes. En effet, une étude réalisée par Financial Alliance for Women en 2018, portant sur 18 pays, suggère qu’au niveau mondial, les hommes représentent 65% du total des clients des établissements bancaires, reçoivent 80% des prêts et détiennent 75% des dépôts. Cette situation reflète une représentation féminine relativement inférieure dans le domaine financier.
Ce différentiel d’accès en Afrique subsaharienne s’expliquerait d’une part par des motifs volontaires d’exclusion émanant de considérations religieuses, culturelles, sociologiques et juridiques, et d’autre part, par des disparités socioéconomiques liées au revenu ou au niveau d’éducation, particulièrement dans les zones rurales.
Un environnement marqué par des difficultés diverses
Le Système bancaire de l’Union a évolué en 2021 dans un environnement marqué par la persistance de la crise pandémique à la Covid-19 et l’amorce d’une relance économique après la chute de l’activité en 2020. Dans ce cadre, la BCEAO a continué son accompagnement du secteur bancaire et financier en vue de favoriser cette dynamique de reprise progressive des activités économiques des pays de l’Union. Ainsi, les mesures prises en 2020, notamment celles relatives à la satisfaction de la totalité des besoins exprimés par les banques sur ses guichets de refinancement à des taux fixés respectivement à 2% et 4% pour les soumissions aux appels d’offre et sur le guichet de prêt marginal ont été maintenues.
Dans ce contexte, l’offre de nouveaux crédits bancaires dans l’Union a maintenu sa dynamique haussière observée au cours des dernières années. En effet, le volume de crédit mis en place est ressorti à 17.781,2 milliards en 2021, contre 16.212,5 milliards en 2020, soit une hausse de 9,7%. L’analyse selon le statut juridique a mis en évidence une prédominance des crédits accordés aux personnes morales (76%) par rapport aux personnes physiques (24%). Une répartition des crédits aux entreprises suivant la taille révèle que les Grandes Entreprises concentrent plus de la moitié des ressources mises en place dans l’Union (54%). En outre, environ trois quart des concours bancaires aux personnes physiques sont captés par les hommes (75%), les femmes ne bénéficiant que des 25% restants.
La répartition géographique des nouvelles mises en place révèle que 92% des crédits sont octroyés dans les principales agglomérations des pays. Relativement aux coûts du crédit, l’orientation baissière du taux d’intérêt débiteur moyen dans les pays membres de l’UEMOA entamée depuis 2011 s’est maintenue en 2021. En effet, le coût moyen du crédit est passé de 6,59% en 2020 à 6,27% en 2021. Par rapport à 2011, les taux débiteurs se sont repliés d’environ 205 points de base. Par ailleurs, les entreprises lèvent les ressources auprès des banques avec un différentiel de taux favorable de 179 points par rapport aux ménages. De manière spécifique, au sein des personnes morales, les Grandes Entreprises bénéficient des taux plus favorables de 91 pdb comparés aux Micro-entreprises et PME.
Quant aux montants des nouveaux dépôts à terme sur les places de l’Union, ils se sont accrus de 36,0% par rapport à l’année précédente, le total des nouveaux dépôts à terme étant passé de 9.127,8 milliards en 2020 à 12.417,6 milliards en 2021. Les taux de rémunération des dépôts à terme des clients sont ressortis en hausse de 22 points de base, passant de 5,13% en 2020 à 5,35% en 2021.