(54,8% de jeunes encore au chômage en Afrique de l’ouest)
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’ouest (BCEAO) a rendu public via son site internet, en décembre 2022, le rapport sur la politique monétaire dans l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa). A travers le document comprenant plusieurs données économiques on note que moins de la moitié des citoyens en âge de travailler sont employés. De quoi remettre à nouveau sur le tapis, l’épineuse question de l’adéquation entre la formation et l’emploi en Afrique de l’ouest.
Daphnée OUNSOUGAN
Les données sur le marché du travail sont issues des enquêtes auprès des ménages réalisées par la BCEAO dans la principale agglomération de chaque pays de l’Union. Selon les déclarations des ménages, le taux d’occupation, qui est défini comme la proportion de la population en âge de travailler et qui est employée, est ressorti à 45,2% au troisième trimestre 2022, après 44,6% le trimestre précédent, soit une hausse de 0,6 point de pourcentage.
51,8% des crédits alloués aux PME contre 48,2% pour les grandes entreprises
Au titre des crédits aux entreprises, les Micro Petites et Moyennes Entreprises (MPME) ont bénéficié, au troisième trimestre 2022, de 51,8% des concours alloués contre 48,2% pour les Grandes entreprises. Cette évolution traduit une hausse de 5,6 points de pourcentage de la part des crédits alloués aux MPME par rapport au trimestre précédent.
Les parts des crédits accordés aux MPME ont été plus importantes au Bénin (78,7%), en Guinée Bissau (64,5%), en Côte d’Ivoire (63,1%) au Niger (62,4%), et au Mali (61,5%). En revanche, les concours aux Grandes entreprises ont été plus importants au Sénégal (71,9%) et au Togo (53,8%).
Concernant les conditions appliquées, les Grandes Entreprises (GE) ont bénéficié des taux les plus bas (5,57%), contre un taux plus élevé (6,88%) appliqué aux MPME. Par ailleurs, comparativement au deuxième trimestre 2022, une baisse a été observée sur les taux appliqués aux MPME (-13 pdb), contre une hausse pour les GE (+25 pdb). En outre, les femmes ont continué à bénéficier des taux moins onéreux (7,35%) que les hommes (7,86%). Néanmoins, cette situation masque la hausse de 8 points de base des taux appliqués aux femmes durant le troisième trimestre de 2022 et une baisse de 16 points de base du coût des emprunts pour le genre masculin.
Dynamisme de l’activité économique dans l’Uemoa
Au sein de l’Uemoa, l’activité économique est restée dynamique au troisième trimestre 2022, avec une progression de 5,7% du PIB sur un an, soit le même taux de croissance enregistré le trimestre précédent. Cette évolution a été portée par la hausse de la valeur ajoutée dans l’ensemble des secteurs de production. Du côté de la demande, la consommation finale et les investissements sont demeurés soutenus.
L’Indice Harmonisé des Prix à la Consommation (IHPC) dans l’Union s’est accru au troisième trimestre, en lien avec le renchérissement des céréales et des autres produits de grande consommation. La hausse des prix au cours du trimestre 2022 a atteint un pic de 8,4%, soit le niveau le plus élevé depuis 2008. Les pressions sur les prix sont observées dans tous les pays de l’Union, à l’exception du Bénin.
Les risques entourant les prévisions de l’inflation sont globalement haussiers. Ils ont trait, notamment, aux difficultés d’accès aux intrants et à l’extension des zones d’insécurité qui pourrait affecter les capacités de production, avec des déplacements de populations dans les zones concernées, et perturber davantage les circuits de commercialisation des produits alimentaires. Les risques sont également en lien avec l’aggravation des crises géopolitiques, notamment le conflit russo-ukrainien, qui pourrait induire une amplification de la hausse des prix des produits pétroliers et alimentaires importés. Par ailleurs, une orientation plus restrictive de la politique monétaire de la FED renforcerait la forte appréciation du dollar des Etats-Unis, ce qui alourdirait la facture d’importations des Etats de l’Union avec ses effets de transmission aux prix intérieurs.
La gestion des finances publiques dans l’UEMOA au cours des neuf premiers mois de l’année 2022 s’est soldée par un creusement de 830,3 milliards du déficit budgétaire base engagements dons compris, par rapport à la même période de l’année précédente. Celui-ci est passé de 4,4% du PIB à 4,8%, en raison d’une augmentation des recettes moins prononcée que celle des dépenses. La hausse des recettes publiques (+1.112,2 milliards ou +9,1%) porte l’empreinte de la progression de l’activité, conjuguée à la montée des prix. Cette progression a toutefois été atténuée par des exonérations et allègements fiscaux accordés dans le cadre de la lutte contre l’inflation. Pour leur part, les dépenses se sont accrues de 1.942,6 milliards ou 12,5%, en liaison notamment avec les mesures de lutte contre la vie chère prises par les Etats membres et la poursuite des investissements inscrits dans les plans nationaux de développement. Le financement de ce déficit budgétaire a été réalisé par la mobilisation de ressources sur le marché financier régional et auprès des partenaires techniques et financiers. En ligne avec ces évolutions, l’encours de la dette publique émise sur le marché financier régional a atteint 19.764,8 milliards à fin septembre 2022 contre 17.193,6 milliards à fin septembre 2021.
Solde global de la balance des paiements déficitaire de 2.272,7 milliards FCFA
Les échanges extérieurs des Etats membres de l’Union au troisième trimestre 2022 sont caractérisés par un solde global de la balance des paiements déficitaire de 2.272,7 milliards, après un déficit de 508,8 milliards noté à la même période de l’année précédente. Cette évolution résulte d’une aggravation du déficit du compte courant, imputable pour l’essentiel à la dégradation du compte des biens et services, en ligne avec l’alourdissement de la facture alimentaire et énergétique. L’augmentation des acquisitions de biens d’équipement et intermédiaires y a également contribué. Rapporté au PIB, le déficit courant s’est établi à 9,6% au troisième trimestre 2022, contre 6,0% une année plus tôt, soit une aggravation de 3,6 points de pourcentage. Les entrées nettes au titre du compte financier se sont accrues, sous l’effet de la hausse des tirages publics nets et de la progression des investissements directs étrangers.
Les conditions monétaires au cours du troisième trimestre 2022 ont été marquées par une légère hausse des taux d’intérêt, en lien avec les relèvements des taux directeurs de la BCEAO intervenus depuis juin 2022. Les demandes de refinancement des banques de l’Union ont été servies au taux minimum de 2,5%. Le taux d’intérêt moyen pondéré sur le marché interbancaire, toutes maturités confondues, est ressorti à 2,97%, après 2,62% un trimestre plus tôt. Sur le compartiment à une semaine, le taux d’intérêt moyen pondéré s’est établi à 2,80% après 2,37% au trimestre précédent et 2,36% un an plus tôt. Le taux débiteur moyen, hors taxes et charges, est ressorti à 6,51% au troisième trimestre 2022, après 6,35% au deuxième trimestre 2022, soit une hausse de 16 pdb.
Au titre de l’évolution de la situation monétaire, le rythme de progression annuelle de la masse monétaire est ressorti à 12,4% à fin septembre 2022, après 12,7% à fin juin 2022. Ce léger ralentissement est induit par la contraction des actifs extérieurs nets (-3.554,0 milliards ou -46,6%), dont l’effet a été atténué par la solidité de l’activité de distribution du crédit, avec une hausse des créances intérieures (+8.425,0 milliards ou 21,1%). L’augmentation des créances intérieures résulte de l’accroissement combiné des créances nettes des institutions de dépôt sur les Administrations Publiques Centrales (+4.220,0 milliards ou +29,1%) et des créances sur l’économie (+4.205,0 milliards ou +16,5%). Les avoirs officiels de réserves ont connu sur les trois premiers trimestres de l’année une baisse de 2.225,3 milliards, pour se chiffrer à 11.811,1 milliards à fin septembre 2022. En particulier, ils ont fléchi de 1.610,9 milliards au cours du troisième trimestre 2022.